Restauration du baldaquin de la basilique Saint-Pierre

Source: District de Belgique - Pays-Bas

Le baldaquin du Bernin

La Fabrique de Saint-Pierre a présenté, le 11 janvier 2024, la restauration du baldaquin du Bernin de la basilique Saint-Pierre de Rome. Ces travaux, autorisés par le pape, auront lieu de février à décembre 2024. Ils seront financièrement pris en charge par les Chevaliers de Colomb, un groupe de laïcs catholiques soutenant des projets missionnaires et caritatifs, créé par l’abbé Michael J. McGivney à la fin du XIXe siècle.

Le baldaquin doit être « rendu aux fidèles dans son intégrité retrouvée et son éclat originel à l’occasion du début de la prochaine Année Sainte que va lancer le pape François en décembre 2024 », a précisé Pietro Zander, responsable de la nécropole et des biens artistiques de la Fabrique de Saint-Pierre.

Cette immense pièce en bronze doré, qui surmonte le maître-autel de la basilique Saint-Pierre, mesure 29 mètres et pèse près de 60 tonnes. Une inspection minutieuse de l’édifice a permis d’observer des dégâts, situés pour la plupart dans sa partie supérieure. De lourdes patines sombres constituées de substances graisseuses et de particules atmosphériques se sont incrustées sur certains espaces.

Quelques structures en bois seraient également en cours de décollement. Les travaux de restauration, prévus sur dix mois, nécessiteront l’installation d’échafaudages qui envelopperont le baldaquin, tout en préservant l’accès au maître-autel.

Le baldaquin a pour but de souligner « la présence de l’apôtre saint Pierre dans la Confession du Vatican », cet espace sacré où se trouve, en contrebas de l’autel, le tombeau du premier pape, a expliqué le cardinal Mauro Gambetti, archiprêtre de la basilique Saint-Pierre, et président de la Fabrique de Saint-Pierre, en charge de l’entretien et de la restauration de l’édifice.

La tombe de saint Pierre

La tombe de saint Pierre est située sous le maître-autel de la basilique vaticane. Il s’agit d’une fosse creusée sur le versant sud de la colline du Vatican, juste devant le cirque qui fut le théâtre des persécutions contre les chrétiens au temps de l’empereur Néron (54-68).

Sur cette modeste sépulture, un siècle après le martyre de l’Apôtre, fut construit un petit édicule funéraire, attesté par le presbytre Gaius à la fin du IIe siècle, comme le rapporte l’historien Eusèbe de Césarée : « Je peux vous montrer les trophées des apôtres. Car si vous voulez aller au Vatican ou sur le chemin d’Ostie, vous y trouverez les trophées de ceux qui ont fondé cette Eglise » (Histoire ecclésiastique, 2, 25, 6-7).

La présence de la tombe de saint Pierre, découverte lors des explorations archéologiques entre 1939 et 1949, a déterminé l’emplacement de la première basilique de Saint-Pierre, construite sur la tombe au IVe siècle par le pape Sylvestre et l’empereur Constantin. Plus tard, la basilique construite à la Renaissance reprit la même place.

L’autel de Grégoire le Grand (590-604), l’autel de Calixte II (1123) et, en 1594, l’autel de Clément VIII, recouvert par le baldaquin du Bernin sous la coupole de Michel-Ange, ont été construits sur le monument sépulcre de Constantin.

Le baldaquin du Bernin

Le pape Urbain VIII (1623-1644), succédant à Grégoire XV, a confié la réalisation de l’œuvre au jeune architecte et sculpteur Gian Lorenzo Bernini, dit le Bernin. Les travaux commencés il y a 400 ans, en 1624, s’achevèrent en 1635. Le Bernin a travaillé aux côtés de son père Pietro et de son frère Luigi, assisté de Francesco Borromini, et de nombreux sculpteurs, fondeurs, charpentiers et ouvriers talentueux l’ont secondé.

L’artiste a choisi de combiner des éléments baroques pour mettre en valeur la solennité de la pièce qui s’élève au cœur de la basilique, au-dessus du tombeau du prince des apôtres. Les colonnes en bronze, décorées de rameaux et d’oliviers, s’élèvent en spirale, donnant une impression de légèreté lorsque de nombreux éléments picturaux, liés à la famille du pape, ajoutent au caractère grandiose de l’œuvre. L’exubérance du baldaquin lui donne des mouvements plus vrais que nature, permettant de révéler la grandeur du lieu.

Les colonnes sont placées sur de hauts piédestaux (2,60 mètres) sur lesquels figurent les armoiries papales et les abeilles des Barberini. Les quatre colonnes en bronze, ornées de branches de laurier et de chérubins, sont surmontées de chapiteaux corinthiens ; la frise présente le symbole du soleil des Barberini, ainsi que des visages de grotesques et des feuilles de laurier.

Le cadre, légèrement concave, porte sur ses quatre côtés une grande draperie composée de six lambrequins en cuivre doré, ornés à l’extérieur de chérubins et d’abeilles, et à l’intérieur de symboles pontificaux et d’abeilles. L’artiste a ainsi voulu le faire ressembler à un grand baldaquin de procession.

Appelé ciborium, le baldaquin a commencé à apparaître vers le IVe siècle dans les églises où l’autel semblait petit au regard de la taille de l’édifice. Ils permettaient ainsi de valoriser l’espace le plus important du sanctuaire.

Autrefois des rideaux étaient fixés entre les colonnes pour rappeler celui du Temple saint à l’époque judaïque. Durant la célébration liturgique, ils étaient tantôt fermés tantôt ouverts. Evocation de la Nouvelle Alliance établie par le sacrifice de Jésus sur la Croix, lorsque « le rideau du Sanctuaire se déchira en deux » (Mt 27, 51).