Histoire de la Vierge des Pauvres à Banneux

Le 20 janvier 1933 Notre Dame bénit Mariette en lui imposant les mains.
Notre-Dame de Banneux, appelée Vierge des Pauvres est le nom sous lequel la Vierge Marie s'est présentée à Banneux en 1933. Elle apparut plusieurs fois à Mariette Beco, une petite fille de 11 ans, entre le 15 janvier et le 2 mars 1933, près de chez elle, à Banneux, un village au sud de Liège, en Belgique. Les apparitions mariales ont été reconnues par l’Église comme authentiques en 1949, un sanctuaire y fut construit, centre de pèlerinage marial très fréquenté.
Les apparitions
Mariette Beco (1921-2011) est l’aînée d’une famille ouvrière de sept enfants qui possède une modeste maison sur la route de Louveigné à Pepinster, un peu à l’extérieur du village de Banneux. Elle a 11 ans lorsque le 15 janvier 1933, au soir d’une journée d’hiver froide et pluvieuse, elle voit par la fenêtre une dame rayonnante dans le jardin potager, près de la barrière qui conduit sur la route. Plutôt sauvageonne et peu portée à la dévotion, elle appelle sa maman pour lui dire que la Vierge Marie est dans le jardin. La maman, qui voit juste un halo de lumière prend peur et verrouille la porte.
Les apparitions se reproduisent huit fois entre le 15 janvier et le 2 mars, à la même heure, vers 19 heures et presque toujours par mauvais temps, froid et pluvieux.
Avant de parler, la Vierge agit : la fillette la voit venir de loin, s’approcher, lui faire signe, marcher devant elle à reculons – sans cesser de la regarder les yeux dans les yeux et de lui sourire – et la conduire près du fossé où coulait une petite source. Le débit de celle-ci passa de 40 à 4 000 litres par jour entre mars et mai 1933 et, depuis lors, n’a jamais cessé de couler, même durant l’été 1935 qui vit tarir la plupart des sources alentour.
A Banneux, la Vierge n’est guère bavarde. Mises bout à bout, ses paroles – rapportées par Mariette Beco – totalisent une dizaine de lignes. Mais elles sont limpides et fortes.
Le 18 janvier, le père de Mariette ainsi qu’un voisin de bon conseil qu’il est parti chercher, voient la fillette passer devant eux sur le chemin gelé, puis s’approcher de la source. "Cette source est réservée pour moi", dit la Vierge à l’enfant. Puis : "Bonsoir, au revoir." Cette marche vers la source, avec deux arrêts sur le chemin, se répétera quatre fois.
Jeudi 19 janvier, Mariette, qui dit le chapelet dans le jardin depuis quelques minutes, interroge : "Qui êtes-vous ma belle Dame ? Ah, la Vierge des Pauvres !" Malgré la pluie et le froid, elle sort sur le chemin et retourne à la source. Les témoins entendent la fillette : "Belle Dame, vous avez dit hier : 'Cette source est pour moi', pourquoi 'pour moi'?" Puis elle répète les mots de l’apparition : "Pour toutes les nations… pour les malades… Je prierai pour toi."
Le lendemain 20 janvier, Mariette va s'agenouiller dans le jardin. Après quelques Je vous salue Marie, elle dit : "Ah la voici ! Que désirez-vous ma belle Dame ? – Je désirerais une petite chapelle." Puis la fillette s’évanouit quelques instants : elle expliquera plus tard que la Vierge l’a bénie en lui imposant les mains.
Après ces quatre apparitions, qui ont suscité quelque intérêt dans le village, c’est le calme plat pendant trois semaines. Tandis que les rares témoins se lassent, Mariette reste en prière dans le jardin tous les soirs à 19 heures, sous les bourrasques de neige. "Il fallait que je sorte, Elle m’appelait", dira-t-elle plus tard.
Le samedi 11 février, après avoir commencé le chapelet, Mariette tombe à genoux, puis part vers la source, qui s’est recouverte d’une couche de glace. "Poussez vos mains dans l’eau", lui dit la Vierge. Puis : "Je viens soulager la souffrance." Ce jour-là, Lourdes fêtait le 75e anniversaire des apparitions de Massabielle. Bien évidemment, Mariette l'ignorait.
Le 15 février, après que la fillette lui a dit : "Sainte Vierge, monsieur le chapelain m’a dit de vous demander un signe", la Vierge lui répond : "Croyez en moi, je croirai en vous. Priez beaucoup. Au revoir." Or, le P. Jamin, dont un ami prêtre venait de se suicider, était alors en plein doute spirituel. "Ce n’est pas pour moi qu’elle a dit cela, affirmera la gamine le lendemain. C’était pour monsieur le chapelain qui demandait un signe ; sans doute qu’il n’y croyait pas !"
Lundi 20 février, Marie dit seulement : "Ma chère enfant, priez beaucoup."
Et le 2 mars, alors qu’il pleut à verse et que Mariette prie à genoux dans le jardin, l’averse cesse au début du troisième chapelet et la fillette entend la Vierge lui dire : "Je suis la Mère du Sauveur, Mère de Dieu. Priez beaucoup. Adieu."
La chapelle
Au début ridiculisée, Mariette est au fil des jours, interrogée de plus en plus rigoureusement par l’abbé Louis Jamin (1898-1961), chapelain de Banneux. Elle rapporte chaque fois ce qu’elle a vu et ce que "la dame" lui a dit. Sa sincérité ne fait aucun doute. Plusieurs personnes, curieux, sympathisants et sceptiques, l’accompagnent durant la deuxième série d’apparitions du 11 février au 2 mars. Ils ne voient rien, sinon les traits transfigurés de Mariette qui dit son chapelet et semble en conversation avec quelqu’un. À la suite de la demande explicite de la "Vierge des Pauvres" (apparition du 20 janvier), une petite chapelle est érigée et inaugurée le 15 août 1933, fête de l'Assomption.
L'enquête
Un hémiplégique sceptique, Ernest Boutet, est guéri après avoir pris de l'eau à la source, fin mars 1933. Étant donné l’afflux grandissant des visiteurs une enquête canonique diocésaine est ordonnée. Les faits, les déclarations de Mariette et les procès verbaux de l’abbé Jamin sont examinés entre 1935 et 1937 par une commission canonique épiscopale. Des groupes de malades arrivant en pèlerinage, une esplanade est créée en 1939.
La guérison complète d'une religieuse de Liège, Sœur Lutgarde, qui, souffrant d'une décalcification des os prononcée et irréversible, avait absorbé quotidiennement de l'eau de Banneux est déclarée « inexplicable » par les médecins qui la soignent (juin 1937). C'est le premier "miracle" reconnu. Comme, de plus, la première commission n’exprime aucun doute quant à la sincérité de la voyante, l'évêque de Liège, Mgr Kerkhofs autorise la vénération de Notre-Dame de Banneux (19 mars 1942). Des triduums pour malades sont organisés.
Une seconde commission diocésaine (mai 1942 - février 1945) conclut au caractère surnaturel de ce qui s’est passé à Banneux. Le 22 août 1949, Mgr Kerkhofs reconnaît alors officiellement la "réalité des faits". Le 14 août 1956, la statue de Notre-Dame de Banneux est solennellement couronnée par Mgr Efrem Forni, nonce apostolique en Belgique.
Dévotion et culte marial
Le nombre de pèlerins, surtout des groupes de malades, augmente rapidement, venant de Belgique et des pays voisins.
En 1954, un institut séculier est fondé : les Servantes de la Vierge des Pauvres. En 1958, l’ensemble monumental de la "Source" est inauguré.
Depuis lors Banneux-Notre-Dame est fréquenté annuellement par environ 500 000 visiteurs ou pèlerins. En 1985, le pape Jean-Paul II visite Banneux. Chaque jour, durant la saison d’avril à octobre, plusieurs célébrations y sont organisées : célébrations eucharistiques, bénédiction de malades, adoration silencieuse, etc.

Mariette Beco, voyante de Notre-Dame de Banneux (1921 - 2011).
Mariette Beco
Née le 25 mars 1921, Mariette Beco s'est mariée et a mené une vie familiale ordinaire, dans la plus grande discrétion possible et refusant tout ce qui pouvait attirer l’attention sur elle-même. Si elle visitait fréquemment la source ainsi que la chapelle des apparitions, c'était incognito. Elle est morte le 2 décembre 2011, dans une maison de retraite située près du sanctuaire.
En 2008, à l’occasion des cérémonies du 75ème anniversaire des apparitions, elle chargea le chapelain du sanctuaire d’exprimer une dernière parole.
Je n’étais qu’un facteur chargé de remettre un message. Une fois le message remis, le facteur cesse d’avoir de l’importance.