La contrition parfaite

Abbé Pascal Hennequin

Avoir la contrition parfaite, c’est regretter nos péchés par amour pour le Bon Dieu. Les chrétiens font profession d’aimer le Bon Dieu par-dessus tout, aussi pourrait-on croire qu’il leur est facile de regretter leurs fautes par amour pour Dieu.

Mais si l’on faisait un sondage parmi les catholiques, on serait bien étonné de leurs réponses. Il y a fort à parier qu’ils penseraient que c’est acte difficile à émettre, voire impossible, et que, par conséquent, ils ne savent même pas s’ils ont déjà eu la contrition parfaite. Ce qui est plus curieux encore, c’est qu’ils seraient sans doute bien incapables d’expliquer ce que signifie « regretter ses péchés par amour de Dieu ». Ils sauront expliquer ce que c’est que le regret et ce qu’est l’amour de Dieu, mais expliquer l’assemblage de ces deux idées leur paraîtrait bien difficile. C’est étrange, non ? Et pourtant, n’est-ce pas ainsi que nous répondrions si nous étions sondés ?

La contrition parfaite est-elle donc facile à avoir, ou plutôt quasi-impossible ? La bonne réponse est : « La contrition parfaite est facile à obtenir avec l’aide de Dieu ». Il le faut bien. Car autrement, comment était-il possible, dans l’Ancien Testament, d’obtenir la rémission de ses péchés ? La confession n’existait pas encore, il n’y avait que la contrition parfaite. Or, elle devait être facilement accessible à moins d’affirmer que les Limbes des Justes étaient quasi-vides lorsque Notre-Seigneur y descendit après sa mort. Les hommes, et plus particulièrement les Hébreux, ont donc usé abondamment de la contrition parfaite dans l’Ancien Testament. Dans le Nouveau, où les grâces sont plus nombreuses, la contrition parfaite doit être aussi facile, sinon plus.

C’est intéressant à savoir, mais reste encore à savoir comment cela fonctionne. Qu’est-ce que signifie regretter ses péchés par amour de Dieu ? C’est bien là la clef de l’affaire. Si l’on arrive à le comprendre, il serait alors facile d’user de la contrition parfaite.

Partons d’abord du plus connu. La contrition imparfaite qui est le regret de nos fautes par crainte des châtiments est très facile d’accès car nous expérimentons tous les jours la souffrance. Avec un brin d’imagination, nous arrivons à nous faire une idée assez nette, quoique bien en deçà de la réalité, des souffrances du purgatoire et de l’enfer. Personne n’aime souffrir, aussi est-il aisé de regretter ses fautes par crainte des peines de l’enfer ou du purgatoire. Il est donc facile à un chrétien de regretter imparfaitement ses péchés car le motif de ce regret lui est très parlant et accessible.

Pour pourvoir user de la contrition parfaite, il suffit donc de rendre accessible son principal motif qui est l’amour : regretter par amour. Or l’amour, tous l’expérimentent presque quotidiennement : l’amour filial, l’amour conjugal, l’amour fraternel, l’amitié. Tout le monde a déjà regretté une bêtise, une erreur ou une faute parce qu’il avait fait de la peine à quelqu’un qu’il aimait. Eh bien, transposez cela dans le domaine surnaturel, et vous avez la contrition parfaite : le regret de nos péchés par ce qu’ils font de la peine à Jésus qui est Dieu, parce qu’ils ont été la cause non seulement de sa tristesse et de ses larmes, mais de sa Passion et de sa Mort sur la Croix. Ainsi, pour regretter ses fautes parfaitement, il suffit de les regretter parce qu’ils peinent Jésus. Et avouons, qu’avec la grâce de Dieu, c’est facile. Certes, les saints vont le faire avec plus d’intensité qu’un chrétien moyen, néanmoins dans les deux cas, c’est bien un acte de contrition parfaite. Notons que, dans l’Ancien Testament, avant la venue du Verbe incarné, avant la manifestation de son Amour rédempteur, la contrition parfaite était moins aisée car les hommes ne pouvaient pas se raccrocher à la sainte Humanité du Christ pour formuler leur regret. Ils devaient regretter en raison de l’outrage faite à la Majesté de Dieu et à sa Bonté.

Ainsi, la contrition parfaite est facile. Elle est aussi fort avantageuse. En effet, si un homme en état de péché mortel regrette parfaitement ses fautes graves, alors immédiatement il retrouve la grâce sanctifiante, c'est à dire l'amitié divine. Par conséquent :

  1. s’il meurt, il n'ira pas en enfer,
  2. toutes ses bonnes actions deviennent à nouveau méritoires,
  3. l'aide de Dieu lui est entièrement assurée pour les prochaines tentations puisque la Trinité habite à nouveau dans son âme,
  4. l'esclavage du démon prendra fin. Et ainsi, le conseil démoniaque « puisque tout est fichu jusqu’à la prochaine confession, fais-toi plaisir, pèche davantage » n’aura plus de prise sur lui.
  5. la grâce le poussera à aller se confesser rapidement afin de pouvoir recevoir la sainte Eucharistie.

Pour une personne en état de grâce, la contrition parfaite est aussi fort utile. En effet :

  1. elle évite la tiédeur, appelée aussi acédie
  2. elle remet nos péchés véniels, et une partie de la dette due à nos péchés
  3. elle conforte notre ferme propos de ne plus pécher
  4. elle augmente notre charité, et par conséquent le mérite de toutes nos actions
  5. elle nous rend plus dociles à l'inspiration du Saint-Esprit en enlevant l'obstacle du péché.

L'énoncé de tous ces avantages montre à l'évidence l'importance de la contrition parfaite. La sainte Eglise l'a bien compris, et c’est pourquoi tous les actes de contrition qui existent, quelle que soit leur langue, sont des actes de contrition parfaite. Qu’il serait en effet profitable pour nos âmes d’avoir, chaque soir, la contrition parfaite dans notre âme lorsque nous récitons notre acte de contrition après notre examen de conscience ! Nous pourrions nous endormir avec la conscience tranquille, sûrs du pardon des fautes de notre journée, tant vénielles que mortelles. Profitons-en puisque nous savons maintenant comment faire !

A tous ceux qui voudraient approfondir le sujet, lisez la petite brochure intitulée : « La contrition parfaite, Clé d'or du paradis » du RP de Driesch. Elle est mise gratuitement à votre disposition dans les présentoirs de l'église Saint-Joseph ainsi que dans les chapelles de Namur et de Luxembourg. Après l’avoir lue, une personne s’exclama  : «  Il y a de nombreux livres qui recèlent une force d'attraction spirituelle, tels que l'Imitation de Jésus Christ, l'Abandon à la Providence divine, le Combat spirituel, l'Introduction à la vie dévote, la Parfaite Dévotion à la sainte  Vierge, les Exercices spirituels, la règle de Saint-Benoît, et parmi les petits livres, tout autant éclatants: la Mortification chrétienne du cardinal Mercier, auquel j'ajoute désormais la Contrition parfaite de Von Den Driesch.»

Bonne pratique de la contrition parfaite !