Ces catholiques que redoute Kamala Harris
La Pennsylvanie
En Pennsylvanie, Etat qui joue un rôle clef dans la présidentielle américaine, la candidate démocrate est en difficulté en raison de positions progressistes qui ont un effet repoussoir auprès d’un électorat catholique blanc demeuré conservateur.
Lorsque l’actuel locataire de la Maison Blanche est revenu sur les lieux de son enfance à Scranton (Pennsylvanie) en avril 2024, il s’est ainsi présenté au patron d’un café du quartier de Green Ridge : « Je suis Joe Biden, un gars de Saint-Paul. » Dans ce bastion catholique constitué de descendants d’immigrés irlandais, l’identification se fait encore selon la paroisse où l’on a grandi.
Un enracinement qui a permis à l’actuel président de devancer Donald Trump en 2020, mais qui fait cruellement défaut à la prétendante démocrate : californienne, noire et progressiste ne sont en effet pas des atouts dans cette partie du Nord-Est des Etats-Unis qui joue un rôle primordial dans la course à la Maison Blanche.
Car la Pennsylvanie fait partie de ce que l’on appelle les « swing states » ou « Etats-pivots », capables de faire basculer le scrutin national. En effet, le 5 novembre prochain, les électeurs américains vont devoir élire 538 grands électeurs répartis dans les cinquante Etats que compte le pays.
La plupart de ces Etats gardent la même couleur politique d’un scrutin à l’autre, mais, dans certains d’entre eux, les électeurs votent alternativement pour les démocrates ou les républicains : leur rôle est donc décisif pour l’issue du scrutin. C’est pourquoi depuis plusieurs semaines, les deux candidats en lice pour l’élection présidentielle sillonnent les 7 Etats qui forment le groupe des « swing states ».
Les habitants de Pennsylvanie votaient autrefois pour le Parti démocrate qui incarnait, jusqu’au début du XXIe siècle, une forme de résistance au fédéralisme et à la domination de la majorité WASP – White Anglo-Saxon Protestant. Mais depuis plusieurs années, ce sont eux qui ont le plus souffert de l’inflation dans le pays, si bien qu’un habitant sur huit déclare avoir du mal à se nourrir correctement.
Si Joe Biden représentait l’ancien monde, cher à l’électorat de Pennsylvanie, il n’en est pas de même pour Kamala Harris qui a été la première vice-présidente à visiter une clinique du Planning Familial pratiquant des avortements, et qui apporte tout son soutien aux lobbies LGBT.
L’avortement n’est pas la seule difficulté pour Kamala Harris : la candidate démocrate a abîmé son image en 2018, en s’opposant à la nomination d’un sénateur en raison de son appartenance aux Chevaliers de Colomb, une organisation catholique très implantée en Pennsylvanie. Donald Trump y a d’ailleurs fait référence en juillet 2024, affirmant que « les Démocrates s’en prennent aux catholiques ».
Les derniers sondages suggèrent cette déconnexion de la prétendante démocrate à la succession de Joe Biden : son avance de trois points en Pennsylvanie a diminué à un seul petit point tout récemment.
Comme le remarque Charles F. McElwee dans les colonnes de Politico le 27 septembre dernier : « Les républicains en sont convaincus : l’accent mis par la campagne de Harris sur les droits reproductifs plutôt que sur les préoccupations économiques et sociales des communautés ouvrières, risque de lui coûter cher. »
Quoi qu’il en soit, le montant de l’addition devrait être connu dans la matinée du 6 novembre prochain.
(Sources : New York Times/Politico – FSSPX.Actualités)
Illustration : TUBS, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons