Des vaticanistes perplexes
A la fin de chaque voyage pontifical, le pape François donne une conférence de presse dans l’avion du retour. Mais au lieu d’apporter des réponses claires aux journalistes, ses propos posent à chaque fois de sérieux problèmes d’interprétation. On se souvient du célèbre « Qui suis-je pour juger ? » au sujet des homosexuels, après la visite apostolique au Brésil, en juillet 2013.
La conférence de presse, à l’issue du récent voyage au Mexique, a été l’occasion pour François de porter un jugement sévère sur le candidat à la présidentielle américaine, Donald Trump, tout en déclarant qu’il ne s’immisçait pas dans la politique italienne sur la question des unions civiles (i.e. les « mariages » homosexuels) en Italie, avant de rejeter fermement le crime de l’avortement, tout en évoquant la possibilité de la contraception, comme un moindre mal pour éviter les conséquences du virus Zika…
La presse italienne parle de « sorties énigmatiques », de « jésuitisme multiple, en mouvement constant, qui ne se laisse jamais arrêter ou saisir », résumant ainsi ses réponses contradictoires : « Je m’en mêle, je ne m’en mêle pas ; je juge, je ne juge pas… François déconcerte le monde catholique avec ses évaluations fluctuantes ». Toujours est-il que la conclusion du lecteur moyen sera simple : « un chrétien ne peut pas voter pour Donald Trump ; quant au projet de loi sur les unions civiles, que chacun se reporte à sa propre conscience… mais aucune barrière n’est levée pour l’empêcher de passer ; l’avortement est un crime, tandis que la contraception n’est qu’un moindre mal, et donc elle est acceptable… »
De retour dans leurs salles de rédaction, ces vaticanistes dénoncent ce qui cause leur malaise : aujourd’hui le discours pontifical est « un perpétuel ‘dire, dédire et contredire’ ». Certains émettent des doutes sur l’efficacité du P. Federico Lombardi comme décodeur d’une pensée qui demeure irrémédiablement brouillée. Ce qui les rassure faiblement, il est vrai, c’est la réponse que le pape a faite récemment aux critiques de l’un d’entre eux, Antonio Socci, dans une Lettre ouverte sur l’Eglise en temps de guerre. « Je suis sûr que beaucoup des choses que vous rapportez me feront beaucoup de bien », lui a écrit François. Ces journalistes espèrent donc. L’espoir fait vivre.
Abbé Alain Lorans
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