Egypte : Persécutions et discriminations contre les coptes
« Les chrétiens coptes continuent d´être la cible d´attaques et de harcèlements, pas seulement de la part des islamistes radicaux, mais aussi de l´Etat », affirme Mina Magdy à l´agence d´information catholique Asia News, le 15 février 2013.
« Les chrétiens étaient aussi persécutés sous le régime de Moubarak, mais après l´arrivée au pouvoir des islamistes, les attaques contre la minorité copte ont augmenté ». Agé de 27 ans, Mina Magdy s’exprime au nom de l´ONG égyptienne Maspero Youth Union (Union des jeunes de Maspero), avec pour principal objectif d´obtenir justice pour les 27 manifestants coptes tués le 9 octobre 2011 par l´armée égyptienne.
En effet, ce dimanche 9 octobre 2011, une manifestation pacifique avait été organisée au Caire à l’appel des coptes après l’incendie d’une église à Assouan, parce que construite sans l’approbation des autorités avait déclaré le gouverneur Mostafa el-Sayyed. Au nombre de dix mille, les manifestants sont partis du quartier populaire de Choubrah pour atteindre le centre de la capitale et l’immeuble Maspero, qui abrite la radio-télévision d’Etat, à quelques centaines de mètres de la place Tahrir. C’est là qu’ils ont été attaqués par des soldats montés sur deux véhicules blindés, faisant 28 morts et 200 blessés. Pendant ce temps, la télévision d’Etat diffusait des informations selon lesquelles les coptes auraient volé des armes et tiré sur l’armée. Diverses versions ont circulé sur l´origine des violences ; des témoins ont affirmé que les manifestants avaient été visés par les tirs de soldats et que plusieurs personnes étaient mortes écrasées par des véhicules blindés.
Le 24 avril 2012, un tribunal égyptien a classé l’affaire par manque de preuves, annonçait l’agence de presse Asia News. Les juges nommés par le ministère de la justice ont bouclé le procès en affirmant qu’il était impossible d’identifier les coupables. De nombreux chrétiens avaient été arrêtés à l’époque des faits, accusés d’avoir tué d’autres coptes puis acquittés. Les familles des victimes avaient demandé en vain que le procès soit confié à un tribunal international. Asia news rapportait que la propagande salafiste anti-copte continue en Egypte, des messages à la radio et à la télévision réclamant leur expulsion.
Ces dernières semaines, les juges ont condamné à trois ans de prison deux jeunes coptes qui avaient participé à la manifestation. La Cour les a accusés d´avoir volé la mitrailleuse d´un des blindés pour tirer sur les manifestants. Une allégation totalement absurde, souligne Mina Magdy. Les vidéos de témoins montrent que les deux jeunes ont attaqué le véhicule pour faire cesser le massacre que les militaires étaient en train de commettre, affirme le militant égyptien. « Actuellement, tous les procès des militaires responsables de massacres durant les événements de la révolution ont été interrompus », constate Mina Magdy.
(Sources : apic/asianews/France24 – DICI n°272 du 15/03/13)