La grandeur de la vocation est dans la vie d’intimité avec le Sauveur. 

Source: District de Belgique - Pays-Bas

Par Abbé Hubert Martellière 

Si notre rédemption s’opère par le ministère public du prêtre, elle trouve encore sa justification par le degré d’intimité mystique que nous pouvons acquérir avec notre Sauveur. En cela, la vocation religieuse est un bel exemple de l’« efficacité » de la vie spirituelle dans le salut éternel des chrétiens. Par la prière et le sacrifice des religieuses, pourtant cachées dans leur couvent, le fidèle obtient des grâces bien insoupçonnées. En effet, en vue d’étendre sa mission rédemptrice, l’Église a mis toute son autorité d’Épouse du Saint Esprit pour canoniser les doctrines mystiques d’un Saint Jean de la Croix ou d’un Saint François de Sales comme celle de Sainte Thérèse d’Avila et de bien d’autres saints.

Cependant, si notre regard vers la divine Providence se porte sur l’éveil de belles vocations religieuses comme médiatrices des grâces qui nous sont accordées, nous ne devons pas considérer cette hauteur de vue comme seulement réservée aux personnes consacrées. En effet les personnes du monde sont tout aussi concernées et doivent suivre l’exemple des religieux et religieuses dans leur vie d’oraison. Thérèse d’Avila reconnait que ses traités ne s’adressaient pas qu’aux seules filles du Carmel, mais aussi à toutes âmes désireuses de perfection intérieure. Aussi aujourd’hui, ils sont toujours lus et étudiés par des âmes vivant dans ce monde et assoiffées de vérités mystiques. 

En notre siècle de matérialisme philosophique et de rejet de la divinité de Notre Seigneur où l’aspect contemplatif est méprisé, il n’est donc pas du tout déplacé d’aborder ce sujet dans ces liens spirituels. La chrétienté retrouvera sa noblesse quand les intelligences et les cœurs seront tout soumis intérieurement au divin Maître. Cette nécessité s’adresse aux âmes dans leur individualité mais aussi dans leurs raisons sociales : parents, chefs d’entreprise, hommes politiques et évidement vocations sacerdotales et religieuses.

Principe de la vie spirituelle : l’âme.

En s’appuyant sur la Révélation, l’Eglise enseigne que les êtres humains se composent de deux substances1 différentes à savoir une âme et un corps qui doivent leur être et leur existence de Dieu. L’âme créée à l’image du Créateur Trinitaire nous relie à Dieu, elle est donc immortelle ; le corps est quant à lui un résumé de la création matérielle qui contient les règnes minéral, végétal et animal.

L’âme anime le corps en lui donnant sa forme (la vie) particulière. Il existe donc un rapport très subtil entre la substance immatérielle (l’âme) et la substance matérielle (le corps humain). D’autre part l’âme relie l’homme à son Créateur et par ce lien trouve la vie (immatérielle). Malheureusement en perdant le lien de la grâce (état de péché mortel) elle est coupée de Dieu, elle est comme morte.

D’autre part, le corps comme l’âme sont maintenus en vie au moyen d’une nourriture. Un corps sous-alimenté perd sa force et devient peu actif. De même, l’âme doit aussi recevoir une nourriture spirituelle venant du Saint Esprit qui est la vie par excellence. Notons encore qu’après le péché originel, le corps comme l’âme sont sujets à la défaillance qui peut conduire à la mort physique ou spirituelle.

L’âme est le trésor divin le plus sublime que Dieu nous a accordés2 ; si l’homme vient à la perdre, il a tout perdu et cela non pas pour un instant mais pour toujours et sans rachat possible après avoir quitté cette vie. Nous devons donc saisir l’importance de notre devoir de prendre soin de notre âme.

Présence du Saint Esprit au centre de notre âme.

Si la grâce nous est accordée au moyen des sacrements, l’homme doit de son côté se disposer à recevoir la nourriture céleste. En effet, il a été créé avec une intelligence qui lui permet de tendre à connaitre son Créateur3 tout en usant du libre arbitre dans le but se disposer à aimer le plus possible son Dieu ; c’est cette dernière faculté qui est l’objet de mérite ou, malheureusement, de damnation.

D’autre part d’après l’enseignement de Notre Seigneur et le témoignage de Saint Paul et tous les saints, Sainte Thérèse affirme que Dieu le Saint Esprit se trouve au centre de notre âme4: « De même au centre du Château intérieur de notre âme se trouve le palais du Roi (Notre Seigneur), entouré d'une multitude de diverses Demeures … enfin de son palais royal qui est au centre de l’âme, le Soleil de vie (Saint Esprit) envoie la lumière à toutes les Demeures de ce magnifique Château (l’âme). »

Par sa puissance Dieu voit tout, connait tout, Il est partout, et cependant on attribue la présence au Ciel du Père, celle du Fils sous les espèces sacramentelles au tabernacle, et celle du Saint Esprit au centre de notre âme en vue de nous sanctifier. Le catéchisme rappelle cette sublime doctrine en écrivant : Que font pour nous en particulier les trois Personnes de la Trinité ? Le Père nous a donné Son Fils, le Fils nous a donné Son Sang, et le Saint Esprit prend possession de non cœurs, pour les sanctifier par sa grâce ». 

Aussi les auteurs mystiques5 écrivent que si cette connaissance intime de la présence mystérieuse du Saint Esprit en l’âme suppose la pratique fréquente de l’oraison mentale (ou méditation), elle ne se comprend véritablement qu’après en avoir eu une expérience vécue. En venant habiter dans l’intimité de notre être, la Trinité Sainte marque en quelque sorte sa présence. Cependant pour écarter les nombreuses illusions à cause de nos péchés et du démon, la science des saints nous aidera à parcourir le chemin de la perfection.

La vocation religieuse doit être un encouragement pour tous les fidèles.

Par sa divinité unie à son humanité crucifiée et ressuscitée, Notre divin Rédempteur a conquis ce pouvoir aimant pour nous. Il est vraiment l’Époux de toutes les âmes. En suscitant des vocations religieuses, Notre Seigneur nous montre encore plus l’importance et les fruits de la vie intérieure. 

Aussi ne demandons pas simplement des vocations religieuses, implorons encore le Très-Haut de les suivre sur le chemin mystique qui conduit au divin Époux.

Avec ma bénédiction sacerdotale !

Abbé Hubert Martellière