L'Accord de Balamand, 1993 - une apostasie
Débat entre Catholiques et Orientaux Chrétiens - 13e siècle
La déclaration de Balamand - 23 juin 1993
Brève analyse (2015)
Après le XIe siècle, diverses parties de l'église orientale qui avaient adhéré au schisme se sont réunie à Rome, reconnaissant le primat du Souverain Pontife tout en conservant leur rite, comme cela était avant le schisme.
Après les changements politiques intervenus en Union Soviétique, ces Églises, dites Uniates parce que revenues à la communion de l’Église catholique, ont connu un grand développement. Beaucoup de chrétiens, en effet, persévéraient dans le schisme uniquement en raison de la pression externe, mais ils avaient le désir de s'unir à Rome. Face à ce mouvement, les autorités orthodoxes menacèrent de rompre les relations œcuméniques avec Rome.
La Conférence de Balamand fut une tentative de sauver l’œcuménisme. Le texte de la déclaration se trouve sur le site du Vatican. On y déclare ouvertement la volonté d'abandonner toute tentative d'apostolat auprès des grecs-schismatiques.
Voici les points les plus importants :
12 : "cette forme «d’apostolat missionnaire», ... qui a été appelée «uniatisme», ne peut plus être acceptée ni en tant que méthode à suivre, ni en tant que modèle de l’unité recherchée par nos Églises."
13 : "depuis les conférences pan-orthodoxes et le deuxième Concile du Vatican, la redécouverte et la remise en valeur, tant par les orthodoxes que par les catholiques, de l’Église comme communion, ont changé radicalement les perspectives et donc les attitudes."
22 : "L’action pastorale de l’Église catholique tant latine qu’orientale ne tend plus à faire passer les fidèles d’une Église à l’autre; c’est-à-dire ne vise plus au prosélytisme parmi les orthodoxes."
30 : Il faut dépasser "l’ecclésiologie périmée du retour à l’Église catholique."
35 : "En excluant pour l’avenir tout prosélytisme et toute volonté d’expansion des catholiques aux dépens de l’Église orthodoxe, la commission espère qu’elle a supprimé l’obstacle qui a poussé certaines Églises autocéphales à suspendre leur participation au dialogue théologique et que l’Église orthodoxe pourra se retrouver au complet pour continuer le travail théologique si heureusement commencé."
Concluons: ceci est la démission de l'Église missionaire.
Abbé Pierpaolo Maria Petrucci, prêtre de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, Supérieur du District d'Italie
Sources : La Tradizione Cattolica N° 4 - 2015/Traduction de Francesca de Villasmundo, pour La Porte Latine du 15 février 2016
La ruine de l'esprit missionnaire
Le document de Balamand (juin 93) n'a suscité pratiquement aucune protestation de fond. Il règle les rapports entre l'Eglise catholique et les orthodoxes en «excluant à l'avenir tout prosélytisme et toute volonté d'expansion des catholiques aux dépens de l'Eglise orthodoxe» (n° 35) et cela au nom du «rejet de la prémisse selon laquelle seule l'une de nos Eglises serait l'unique propriétaire des moyens de grâce, de manière telle que la conversion à cette Eglise à partir de l'autre soit nécessaire au salut». (Déclaration de la Consultation orthodoxe catholique romaine des Etats-Unis, Doc. n° 2112 p. 285).
Cette idée, extrêmement grave, ne concerne pas seulement les orthodoxes, mais au moins toutes les confessions protestantes, sinon toutes les religions monothéistes et peut-être plus ! Cette pensée ruine de fond en comble l'Eglise catholique, elle détruit la foi, «foi sans laquelle il est impossible de plaire à Dieu (Heb 11, 6) et d'être sauvé» (Vat. I, Dei Filius).
Mgr Bernard Fellay, supérieur général: Lettre aux Amis et bienfaiteurs nº 48 avril 1995
Une "nouvelle ecclésiologie" (Jean-Paul II)
Envers les confessions chrétiennes s’est établie une nouvelle perspective, et cela est encore plus clair avec les orthodoxes : dans l’accord de Balamand, l’Eglise catholique s’engage officiellement à ne pas convertir les orthodoxes et à collaborer avec eux. Le dogme « hors de l’Eglise pas de salut » rappelé dans le document Dominus Jesus a connu une réinterprétation nécessaire à la nouvelle vision des choses : on n’a pu maintenir ce dogme sans élargir les limites de l’Eglise, ce qui a été réalisé par la nouvelle définition de l’Eglise donnée dans Lumen Gentium. L’Eglise du Christ n’est plus l’Eglise catholique, elle subsiste en elle. On a beau dire qu’elle ne subsiste qu’en elle, il reste que l’on prétend à une action du Saint Esprit et de cette « Eglise du Christ » hors de l’Eglise catholique. Les autres religions ne sont pas privées d’éléments de salut… Les « églises orthodoxes » deviennent d’authentiques églises particulières dans lesquelles s’édifie « l’Eglise du Christ. »
Ces nouvelles perspectives ont évidemment bouleversé les rapports avec les autres religions. Il est impossible de parler d’un changement superficiel, c’est bien une nouvelle et très profonde mutation que l’on prétend imposer à l’Eglise de Notre Seigneur Jésus-Christ. Ce qui fait que Jean-Paul II a pu parler de « nouvelle ecclésiologie », admettant un changement essentiel dans cette partie de la théologie qui traite de l’Eglise. Nous ne comprenons tout simplement pas comment l’on peut prétendre que cette nouvelle compréhension de l’Eglise serait encore en harmonie avec la définition traditionnelle de l’Eglise. Elle est nouvelle, elle est radicalement autre et elle oblige le catholique à avoir un comportement foncièrement différent avec les hérétiques et schismatiques qui ont tragiquement abandonné l’Eglise et bafoué la foi de leur baptême. Ils ne sont désormais plus des « frères séparés », mais des frères qui « ne sont pas en pleine communion »… et nous sont « profondément unis » par le baptême dans le Christ, d’une union inamissible… La dernière mise au point de la Congrégation de la Doctrine de la Foi sur le mot subsistit est à ce propos très éclairante. Tout en affirmant que l’Eglise ne peut pas enseigner de nouveauté, elle confirme la nouveauté introduite au Concile…
De même pour l’évangélisation : le devoir sacré de tout chrétien de répondre à l’appel de Notre Seigneur Jésus-Christ est d’abord affirmé, « Allez par tout le monde, et prêchez l’Evangile à toute créature. Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé ; celui qui ne croira pas, sera condamné. [2] » Mais il est ensuite allégué que cette évangélisation ne concerne que les païens, et ainsi, ni les chrétiens, ni les juifs ne sont concernés… Tout récemment les cardinaux Kasper et Bertone, au sujet de la controverse sur la nouvelle prière pour les Juifs, ont affirmé que l’Eglise ne les convertirait pas.
Mgr Bernard Fellay, supérieur général: Lettre aux Amis et bienfaiteurs nº 72 avril 2008