Le sacerdoce intérieur

Source: District de Belgique - Pays-Bas

Sachons reconnaître la grâce que nous avons de pouvoir assister au Saint Sacrifice de la Messe et d’y recevoir de nombreuses grâces temporelles et spirituelles. Toutefois n'oublions pas que si nos prières atteignent le cœur du bon Dieu, c’est parce que des âmes consacrées prient et se sacrifient à nos intentions. En effet, le prêtre ne se contente pas d'agir extérieurement en célébrant la Sainte Messe, mais il y ajoute toute l’offrande de sa vie humaine et mystique quand, à l’autel, il prononce les divines paroles : « ceci est mon corps », « ceci est mon sang ». 

De même, et à juste titre, nos intentions trouvent aussi un écho favorable parce que, derrière des grilles, des religieuses inconnues du monde mais épouses du Christ parachèvent nos demandes. Ces âmes toutes consacrées au Christ ne célèbrent pas la Messe, ne donnent pas l’absolution aux pénitents, et pourtant beaucoup de fidèles ont recours à leurs suffrages comme à un complément spirituel de la mission du prêtre. Mais d'où vient que Dieu agrée plus favorablement les prières des âmes consacrées ?

Le sacerdoce intérieur associé au Sacerdoce ministériel.

 Le Catéchisme du Concile de Trente distingue le Sacerdoce extérieur qui appartient exclusivement au prêtre ordonné par la Sainte Église, et le sacerdoce intérieur que doivent posséder tous les fidèles du Corps mystique de Jésus. Le prêtre immole la Sainte Victime sur l’Autel in personna Christi, mais il appartient aux fidèles de s'associer intérieurement à l’immolation du divin Sauveur par leur propre immolation. « En effet, les fidèles immolent à Dieu, sur l'autel de leur cœur, des hosties spirituelles, toutes les fois que, éclairés par la Foi et enflammés par la Charité, ils font des œuvres bonnes qu'ils rapportent à la gloire de Dieu.[1]»

Le pape Pie XII affirme encore « Ces vérités sont de foi certaine ; les fidèles cependant offrent, eux aussi, la divine Victime, mais, ajoute-t-il, d’une manière différente »[2].

« Que les fidèles, par les mains du prêtre, offrent le Sacrifice, cela ressort avec évidence du fait que le ministre de l’autel représente le Christ en tant que chef offrant au nom de tous ses membres ; c’est pourquoi l’Église universelle est dite, à bon droit, présenter par le Christ l’offrande de la victime. Si le peuple offre en même temps que le prêtre, ce n’est pas que les membres de l’Église accomplissent le rite liturgique visible de la même manière que le prêtre lui-même, ce qui revient au seul ministre délégué par Dieu pour cela, mais parce qu’il unit ses vœux de louange, d’impétration, d’expiation et d’action de grâces aux vœux ou intentions mentales du prêtre, et même du Souverain Prêtre, afin de les présenter à Dieu le Père dans le rite extérieur même du prêtre offrant la victime. Le rite extérieur du Sacrifice en effet doit nécessairement, par sa nature, manifester le culte intérieur ; or le Sacrifice de la loi nouvelle signifie l’hommage suprême par lequel le principal offrant, qui est le Christ, et avec Lui et par Lui tous ses membres mystiques, rendent à Dieu l’honneur et le respect qui Lui sont dus.» 

Sans évoquer ce sacerdoce intérieur, l’enseignement du pape Pie XII résume toute la théologie mystique de l’Église dans cet aspect particulier d’unir notre offrande personnelle à celle du divin Maître : « Pour que l’oblation, par laquelle… les prêtres offrent au Père céleste la divine victime, obtienne son plein effet, il faut encore que les chrétiens ajoutent quelque chose : ils doivent s’immoler eux-mêmes en victimes. Cette immolation ne se réduit pas seulement au Sacrifice liturgique. Parce que nous sommes édifiés sur le Christ comme des pierres vivantes, le Prince des Apôtres veut, en effet que nous puissions, comme "un sacerdoce saint, offrir des victimes spirituelles agréables à Dieu par Jésus-Christ" ; et l’apôtre Paul, parlant pour tous les temps, exhorte les fidèles en ces termes : "je vous conjure donc, mes frères … d’offrir vos corps en hostie vivante, sainte, agréable à Dieu… ". Mais lorsque les fidèles participent à l’action liturgique avec tant de piété et d’attention … alors il est impossible … qu’ils ne se consacrent, tous et chacun à procurer la gloire de Dieu, et dans leur ardent désir de se rendre étroitement semblables à Jésus-Christ qui a souffert de très cruelles douleurs, il est impossible qu’ils ne s’offrent avec et par le souverain Prêtre, comme une hostie spirituelle ».

Mission des âmes consacrées : vivre ce sacerdoce intérieur.

S’il appartient à tous les baptisés de vivre intensément ce sacerdoce intérieur pour obtenir le plein effet de leurs prières, Dieu veut aussi suppléer à la faiblesse de notre foi en suscitant de nombreuses vocations sacerdotales et religieuses. En s'étant offerts corps et âme à Jésus-Christ, le prêtre comme la religieuse reçoivent par leur vocation la grâce de vivre ce sacerdoce intérieur en union aux sentiments de Notre Seigneur et du Cœur immaculé de Marie en votre nom. Ainsi en réponse à leur oblation totale, Dieu exauce plus abondamment les intentions des fidèles. 


[1] Catéchisme du Concile de Trente, Les Sacrements, Chapitre 26, § du sacerdoce.

[2] Enseignements Pontificaux, Edition de Solesmes ; « La Liturgie » n° 565 et 570 et 573