Mot du Supérieur pour mars 2024

Source: District de Belgique - Pays-Bas

Cette année, le mois de mars nous mène lentement vers la montagne du Golgotha. Bientôt, nous méditerons sur la Passion et la mort de Notre Seigneur Jésus-Christ. C’est la grande semaine, la Semaine Sainte. Elle est sainte parce que nous solennisons les plus grands mystères de notre foi : la Rédemption et la Résurrection : « si le Christ n’est pas ressuscité, notre foi est vaine » (1 Co 15, 14).

L’Église déploie toute la beauté de sa liturgie : les offices des Ténèbres, la messe du Jeudi-Saint, la fonction liturgique du Vendredi Saint, la veillée pascale et la messe de la Résurrection. Tout y chante la joie de la Rédemption et la souffrance du Christ, la victoire du Rédempteur et sa mort sur la croix, l’ingratitude de son peuple et la fidélité de quelques âmes. La liturgie nous fait embrasser les sentiments d’âme de Notre Seigneur Jésus-Christ. Prenons alors nos dispositions pour participer à cette grande prière de la Sainte Église car les grâces y sont très abondantes. Combien de conversions à la simple lecture de la Passion de Notre Seigneur ! Combien de souffrances acceptées au récit de la crucifixion ! Combien d’espérance retrouvée par la méditation de la Résurrection ! 

Notre Seigneur aurait pu faire autrement pour racheter toute l’Humanité : une simple prière, un acte d’amour envers son père ou un petit sacrifice aurait largement suffi pour payer nos dettes dues au péché. Chaque action de Notre Seigneur Jésus-Christ avait en effet un mérite infini. Elles sont les actes d’un Dieu fait homme. Mais notre Rédempteur a voulu payer nos dettes autrement. Il a voulu souffrir. Il a voulu s’offrir en victime d’expiation. Pour qui ? Pour moi. Jésus-Christ nous portait dans son cœur lors de sa Passion. Il voyait tous nos péchés avec leur malice, leur faiblesse. Il contemplait toutes nos chutes, nos découragements, nos doutes, nos misères. Et il les prenait sur lui. Quel mystère ! Mystère encore plus considérable lorsque l’on pense, dit saint Thomas d’Aquin, que Jésus-Christ n’a voulu tant souffrir que parce que, sans cela, nous aurions oublié ce qu’il a expié pour nous. L’Incarnation aurait certes dû suffire à nous convaincre de l’immense amour de Dieu pour chacun d’entre nous. Mais, le Christ connait notre faiblesse et il sait qu’il doit aller plus loin. Alors, il va à sa Passion : « il n’y a pas de plus grande preuve d’amour que de donner sa vie pour ceux que l’on aime » (Jean, XV, 13).

Le Christ meurt et souffre en tant que prêtre. Il est médiateur et pontife entre Dieu et les hommes. S’il meurt, s’il souffre, c’est pour son Corps Mystique c’est-à-dire pour l’Église, pour ses membres. Notre Seigneur Jésus-Christ ne souffre nullement pour lui-même ou pour se prouver quelque chose. Il souffre, il meurt, il ressuscite pour son Corps Mystique. C’est l’essence même du sacrifice. Renoncer à son bien propre pour le bien commun. C’est ce même sacrifice qui a obtenu la victoire de l’Église sur Satan, sur le péché et sur le monde. Paradoxe de la croix du Christ : elle parait être vaincue alors qu’elle est victorieuse. 

En lisant la passion de Notre Seigneur, il faut nous enflammer de ce même zèle pour la sainte Église. Les souffrances, les persécutions, les vexations, les martyrs sont la gloire de l’Église. Non qu’il faille rester passif sans défendre l’honneur du Christ. Mais notre union à la Passion du Christ augmente le trésor de l’Église, convertit les âmes, conforte les fidèles, délivre les âmes du purgatoire. C’est le mystère de la victoire de la Croix de Notre Seigneur Jésus-Christ à laquelle nous devons nous unir pour continuer d’étendre sur terre le triomphe du Rédempteur. 

Prions bien Notre Dame des Sept Douleurs de nous apprendre à nous unir à la Passion de son Fils. Elle nous montrera la richesse de notre croix lorsque celle-ci est unie à celle de son Enfant. Elle nous soutiendra par sa présence, sa prière et sa compassion. 

Je vous souhaite un saint temps de Carême !

Abbé de Sivry, Supérieur de District