Obéissance vraie et fausse désobéissance

Source: FSSPX Actualités

Mgr Marcel Lefebvre en pèlerinage à Rome, en 1975.

Mgr Marcel Lefebvre fut accusé de désobéissance parce qu’il avait fondé le séminaire d’Ecône, parce qu’il s’opposait à la messe de Paul VI, parce qu’il dénonçait la liberté religieuse, la collégialité et l’œcuménisme promus par le concile Vatican II. En 1985, dans sa Lettre ouverte aux catholiques perplexes, il expliqua ce qu’était la vraie obéissance et une désobéissance apparente. Il était très isolé. Aujourd’hui, plus de 30 ans après, la confusion générale que le pontificat de François crée dans l’Eglise, fait redécouvrir qu’il peut y avoir une obéissance coupable et un devoir de désobéissance.

MGR BUX : « IL Y A DES OCCASIONS OU IL EST LEGITIME DE SUSPENDRE PRUDEMMENT SON ASSENTIMENT »

Le 26 novembre 2018, au cours d’une conférence – relatée par Edward Pentin du National Catholic Register –, où était présenté le livre de José Antonio Ureta : Pope Francis’ Paradigm Shift : Continuity or Rupture in the Mission of the Church ? (Le changement de paradigme du pape François : continuité ou rupture dans la mission de l’Eglise ?), Mgr Nicola Bux qui fut consultant auprès de la Congrégation pour la doctrine de la foi sous Benoît XVI, a déclaré que le « changement radical de paradigme », aujourd’hui en vogue, signifie « croire en l’urgence » d’apporter la justice au monde en termes « d’élimination de la pauvreté, de commerce équitable, de fraternité », ou mélanger des « situations extrêmes » telles que « migrants, homosexuels, divorcés ». Mais souvent on n’entend pas les mots « Jésus-Christ », a-t-il observé, et la messe est « réduite à un spectacle télévisé avec danse et applaudissements ». Et tout cela est en train de se produire, « alors que dans le monde la référence à Dieu est absente » et que le monde lui-même « devient de plus en plus indifférent, ennemi de l’Eglise, de la religion, de la foi, de Dieu ».

Déjà, dit-il, l’élan missionnaire a « diminué, signe d’une crise de la foi ». Puis il a souligné une contradiction flagrante dans les paroles de François : d’une part, dans Evangelii Gaudium, il affirme que la mission et l’annonce de l’Evangile sont le « paradigme », mais d’autre part, et « à la manière péroniste, comme on dit à Buenos Aires », il a dit qu’il n’y a « pas de Dieu catholique » et que le prosélytisme « est un non-sens grave ; pas pour convertir mais pour servir, pour marcher ensemble ».

Mgr Bux a fait remarquer que l’Esprit-Saint « n’était pas promis aux successeurs de Pierre pour révéler une nouvelle doctrine, mais pour garder le dépôt de la foi ». Et citant des commentaires récents du cardinal Gerhard Müller, ex-préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, il a noté que l’autorité du pape s’étend « sur la foi révélée de l’Eglise catholique et non sur les opinions théologiques individuelles de lui-même ou celles de ses conseillers ». (Voir l’article « Intercommunion : le cardinal Müller invoque un devoir de désobéissance »)  

C’est pourquoi, a dit Mgr Bux, « il y a des occasions où il est légitime de suspendre prudemment son assentiment ». Quand la Croix du Christ est « rendue vaine », afin de ne pas perdre la foi, il propose « l’objection de conscience et la fidélité au pape malgré le pape », – en citant le livre d’Ureta. « L’évolution de la compréhension de l’Evangile par l’Eglise au cours des siècles, a-t-il conclu, n’est pas une question de changement de paradigme, mais de développement de la doctrine, organique et dans la continuité de la foi ».

FONDATION LEPANTE : LE SILENCE NE FERA QUE « PORTER PREJUDICE A LA PAPAUTE ET HATER LA VENUE D’UN SCHISME DANS L’EGLISE »

Le 5 janvier 2019, la Fondation Lépante, présidée par l’historien Roberto de Mattei, rendait public un appel intitulé « Osez, Monseigneur ». Après avoir rappelé les scandales les plus criants, récemment dénoncés par Mgr Athanasius Schneider ou Mgr Carlo Maria Viganò, le document s’adresse directement à chaque évêque : 

Votre dignité, Monseigneur, vient de l’honneur que vous avez de servir l’Eglise, sans chercher ni vos intérêts propres, ni le consensus des puissants. Cette dignité de Monseigneur, vous l’avez reçue de l’Eglise, non des hommes d’Eglise, et c’est à l’Eglise que vous devez en rendre compte. L’Eglise est la société divine, fondée par Jésus-Christ, toujours parfaite et victorieuse, dans le temps et dans l’Eternité. Les hommes d’Eglise peuvent servir l’Eglise ou la trahir. Servir l’Eglise signifie faire passer les intérêts de l’Eglise, qui sont ceux de Jésus-Christ, avant ses intérêts personnels. C’est trahir l’Eglise que de faire prévaloir les intérêts d’une famille, d’un institut religieux, d’une autorité ecclésiastique en tant que personne privée, sur la Vérité de l’Eglise, qui est la Vérité de Jésus-Christ, unique Voie, Vérité et Vie (Jean 14, 6).

Ce serait faire affront à votre intelligence, Monseigneur, que de supposer que vous n’avez pas une certaine conscience de la crise de l’Eglise. Quelques éminents cardinaux, en diverses occasions, ont manifesté leur profond malaise et leur préoccupation quant à ce qui survient actuellement dans l’Eglise. C’est ce même malaise que ressent l’homme du commun, profondément désorienté par les nouveaux paradigmes religieux et moraux. Face à ce malaise, combien de fois, en privé, avez-vous cherché à tranquilliser votre interlocuteur par des phrases comme « Nous ne pouvons que nous taire et prier. Le pape n’est pas immortel. Nous pensons au prochain conclave ». Tout, plutôt que de parler et d’agir. Le silence comme règle suprême de comportement. Cette attitude serait-elle dictée par le servilisme humain, l’égoïsme de qui cherche avant tout à vivre tranquille, l’opportunisme de qui est capable de s’adapter à toute situation ? (…)

Et ces mots que vous employez, Monseigneur, pour appuyer votre comportement, sont parfois plus nobles que vos sentiments « Nous devons suivre le pape même lorsque cela ne nous plaît pas, parce que c’est lui la roche sur laquelle le Christ a édifié son Eglise » ou bien « Nous devons éviter à tout prix un schisme, parce que ce serait la plus grave catastrophe de l’Eglise ».

Nobles paroles, qui énoncent des vérités. Le pape est le fondement de l’Eglise, et l’Eglise ne peut rien craindre de pire qu’un schisme. Mais nous voulons vous faire réfléchir, Monseigneur, sur le fait que la voie du silence que vous voulez emprunter, ne fera que porter préjudice à la papauté et hâter la venue d’un schisme dans l’Eglise. 

Il est vrai, en effet, que le pape est le fondement de l’Eglise, mais avant d’être fondée sur lui, l’Eglise est fondée sur Jésus-Christ. Jésus-Christ est le fondement premier et divin de l’Eglise, Pierre en est le fondement secondaire et humain, même s’il est assisté par Dieu. L’assistance divine n’exclut pas l’erreur, ni le péché. Dans l’histoire de l’Eglise, de nombreux papes ont péché et se sont trompés, sans que soit jamais compromise l’institution de la papauté. Affirmer qu’il faut toujours suivre le pape, sans jamais s’écarter de lui, en renonçant à le corriger respectueusement, dans des cas exceptionnels, revient à attribuer à l’Eglise toutes les erreurs commises par les hommes d’Eglise aux cours des siècles. Ne pas faire la distinction entre l’Eglise et les hommes d’Eglise, c’est fournir aux ennemis de l’Eglise de quoi l’attaquer et à ses nombreux faux amis de quoi renoncer à la servir. 

Il est tout aussi lourd de conséquences d’affirmer que rompre le silence, dire la vérité, dénoncer – si nécessaire – les infidélités du Souverain Pontife, mènerait à un schisme. Le schisme est division, et jamais l’Eglise n’est apparue aussi divisée et fragmentée que de nos jours. Au sein de chaque paroisse, chaque diocèse, chaque nation, il est devenu impossible de définir une règle commune de vie selon l’Evangile, parce que chacun fait l’expérience d’un christianisme différent, tant dans le domaine liturgique que dogmatique, en forgeant sa propre religion, si bien que de commun il ne reste que le nom, sans la substance. Quelles sont les raisons d’une telle fragmentation ? L’étoile indiquant la route a disparu et les fidèles avancent dans l’obscurité de la nuit, en suivant des opinions et des sentiments personnels, sans qu’une voix ne se lève pour leur rappeler quelles sont la doctrine et la pratique immuables de l’Eglise. Le schisme naît de l’obscurité, fille du silence. Seules des voix claires, des voix cristallines, des voix intégralement fidèles à la Tradition peuvent dissiper les ténèbres et permettre aux bons catholiques de surmonter les divisions provoquées par ce pontificat, et d’éviter à l’Eglise de nouvelles humiliations, après celles déjà infligées par le pape François. Pour sauver l’Eglise du schisme, il n’y a qu’une voie : celle de proclamer la Vérité. Se taire, c’est le favoriser. 

Monseigneur, vous qui jouissez d’une dignité, vous qui exercez une autorité morale, vous qui êtes dépositaire d’un héritage, que craignez-vous ? Le monde peut vous attaquer par des diffamations et des médisances, vos supérieurs peuvent vous priver de votre autorité et de votre dignité extérieure. Mais c’est au Seigneur que vous devrez en rendre compte, comme chacun de nous, au jour du jugement, quand tout sera pesé et jugé à sa juste valeur. Ne nous demandez pas ce qu’il faut faire concrètement. Si vous voulez oser, l’Esprit-Saint ne manquera pas de suggérer à votre conscience les moments, modes et tons à employer pour sortir de l’ombre et être « lumière du monde, ville située sur une montagne, lampe qui brille sur le lampadaire » (Mt 5, 13-16).

Ce que nous vous demandons, Monseigneur, c’est d’adopter un comportement de critique filiale, de résistance déférente, de dévote séparation morale des responsables de l’auto-démolition de l’Eglise. Osez encourager ouvertement ceux qui défendent l’Eglise en son sein et professent publiquement la Vérité catholique intégrale. Osez chercher d’autres confrères qui s’unissent à vous et à nous pour faire résonner ensemble ce cri de guerre et d’amour que saint Louis-Marie Grignion de Montfort fait entendre dans la Prière embrasée en ces termes prophétiques : « Au feu, au feu, au feu ! Au feu dans la maison de Dieu, au feu dans les âmes, au feu jusque dans le sanctuaire ! ». (…)

Osez Monseigneur, prenez cette sainte résolution pour 2019 et vous nous trouverez à vos côtés, dans le bon combat !

Mgr Marcel Lefebvre à Rome, en 1975.

MGR LEFEBVRE : « TEL EST LE SECRET DE LA VERITABLE OBEISSANCE »

On relira avec fruit le chapitre XVIII de la Lettre ouverte aux catholiques perplexes de Mgr Lefebvre, intitulé L’obéissance vraie (réédition Clovis, 2016). En voici quelques extraits dont on verra toute l’actualité, 33 ans après leur première parution, en les rapprochant des déclarations de Mgr Bux, du cardinal Müller et de la Fondation Lépante, citées plus haut.

Nous sommes attachés au pape lorsqu’il se fait l’écho des traditions apostoliques et des enseignements de tous ses prédécesseurs. C’est la définition même du successeur de Pierre de garder ce dépôt. Pie IX nous enseigne dans Pastor æternus : « Le Saint-Esprit n’a pas en effet été promis aux successeurs de Pierre pour leur permettre de publier, d’après ses révélations, une doctrine nouvelle, mais pour garder strictement et exposer fidèlement, avec son assistance, les révélations transmises par les Apôtres, c’est-à-dire le dépôt de la foi. »

L’autorité déléguée par Notre-Seigneur au pape, aux évêques et au sacerdoce en général est au service de la foi. Se servir du droit, des institutions, de l’autorité pour anéantir la foi catholique et ne plus communiquer la vie, c’est pratiquer l’avortement ou la contraception spirituels.

C’est pourquoi nous sommes soumis et prêts à accepter tout ce qui est conforme à notre foi catholique, telle qu’elle a été enseignée pendant deux mille ans, mais nous refusons tout ce qui lui est opposé. (…)

Dans l’Eglise, il n’y a aucun droit, aucune juridiction qui puisse imposer à un chrétien une diminution de sa foi. Tout fidèle peut et doit résister à quiconque touche à sa foi, appuyé sur le catéchisme de son enfance. S’il se trouve en présence d’un ordre la mettant en danger de corruption, la désobéissance est un devoir impérieux.

C’est parce que nous estimons que notre foi est en danger par les réformes et les orientations postconciliaires, que nous avons le devoir de désobéir et de garder la Tradition. Ajoutons ceci : c’est le plus grand service que nous puissions rendre à l’Eglise et au successeur de Pierre que de refuser l’Eglise réformée et libérale. Jésus-Christ, Fils de Dieu fait homme, n’est ni libéral ni réformable. (…)

Deux religions s’affrontent ; nous nous trouvons dans une situation dramatique, il n’est pas possible de ne pas faire un choix, mais ce choix n’est pas entre l’obéissance et la désobéissance. Ce qu’on nous propose, à quoi on nous invite expressément, ce pour quoi on nous persécute, c’est de choisir un semblant d’obéissance. Le Saint-Père, en effet, ne peut pas nous demander d’abandonner notre foi.

Nous choisissons donc de la garder et nous ne pouvons pas nous tromper en nous attachant à ce que l’Eglise a enseigné pendant deux mille ans. La crise est profonde, savamment organisée et dirigée, à telle enseigne qu’on peut croire en vérité que le maître d’œuvre n’est pas un homme, mais Satan lui-même. Or c’est un coup magistral de Satan que d’être arrivé à faire désobéir les catholiques à toute la Tradition au nom de l’obéissance. (…)

Saint Thomas d’Aquin, à qui il faut toujours se référer, va même jusqu’à se demander dans la Somme théologique si la « correction fraternelle » prescrite par Notre-Seigneur peut s’exercer à l’égard des supérieurs. Après avoir fait toutes les distinctions utiles, il répond : « On peut exercer la correction fraternelle à l’égard des supérieurs lorsqu’il s’agit de la foi. »

Si nous étions plus fermes sur ce chapitre, nous éviterions d’en venir tout doucement à assimiler les hérésies. (…)

Qu’en sera-t-il de la religion de demain si nous ne résistons pas ? Vous aurez la tentation de dire : « Mais que pouvons-nous y faire ? C’est un évêque qui dit ceci ou cela. Voyez, ce document vient de la commission de la catéchèse ou d’une autre commission officielle. » Alors, il ne vous reste plus qu’à perdre la foi. Mais vous n’avez pas le droit de réagir ainsi. Saint Paul nous a avertis : « Si même un ange venu du ciel venait vous dire autre chose que ce que je vous ai enseigné, ne l’écoutez pas. » (cf. Ga 1, 8) Tel est le secret de la véritable obéissance. (…)

Reprenant les premières lignes de sa déclaration du 21 novembre 1974, Mgr Lefebvre rappelle la distinction fondamentale sur laquelle repose son attitude constante : 

« Nous adhérons de tout cœur, de toute notre âme à la Rome catholique, gardienne de la foi catholique et des traditions nécessaires au maintien de cette foi, à la Rome éternelle, maîtresse de sagesse et de vérité.

« Nous refusons par contre et avons toujours refusé de suivre la Rome de tendance néo-moderniste et néo-protestante qui s’est manifestée clairement dans le concile Vatican II et après le concile, dans toutes les réformes qui en sont issues. » (…)

Une autre question se pose parfois aux fidèles et aux prêtres : peut-on avoir raison contre tout le monde ? A une conférence de presse, l’envoyé du Monde me disait : « Mais enfin, vous êtes seul. Seul contre le pape, seul contre tous les évêques. Que signifie votre combat ? » Eh bien non, je ne suis pas seul. J’ai toute la Tradition avec moi, l’Eglise existe dans le temps et dans l’espace. (…)

La déclaration du 21 novembre 1974, qui a déclenché le processus (des sanctions romaines), se terminait par ces mots : « Ce faisant … nous sommes convaincus de demeurer fidèles à l’Eglise catholique et romaine, à tous les successeurs de Pierre et d’être les fidèles dispensateurs des mystères de Notre-Seigneur Jésus-Christ. » L’Osservatore Romano, en publiant le texte, a omis ce paragraphe. Depuis dix ans et plus, nos adversaires sont intéressés à nous rejeter de la communion de l’Eglise en laissant entendre que nous n’acceptons pas l’autorité du pape. Ce serait bien pratique de faire de nous une secte et de nous déclarer schismatiques. Combien de fois le mot de schisme a-t-il été prononcé à notre sujet !

Je n’ai cessé de le répéter : si quelqu’un se sépare du pape, ce ne sera pas moi. La question se résume à ceci : le pouvoir du pape dans l’Eglise est un pouvoir suprême, mais non absolu et sans bornes, car il est subordonné au pouvoir divin, qui s’exprime dans la Tradition, la Sainte Ecriture et les définitions déjà promulguées par le magistère ecclésiastique. En fait ce pouvoir trouve ses limites dans la fin pour laquelle il a été donné sur terre au Vicaire du Christ, fin que Pie IX a clairement définie dans la constitution Pastor æternus du concile Vatican I. Je n’exprime donc pas une théorie personnelle en le disant.

L’obéissance aveugle n’est pas catholique ; nul n’est exempt de responsabilité pour avoir obéi aux hommes plutôt qu’à Dieu, en acceptant des ordres d’une autorité supérieure, fût-ce du pape, s’ils se révèlent contraires à la volonté de Dieu telle que la Tradition nous la fait connaître avec certitude. On ne saurait envisager une telle éventualité, certes, lorsque le pape engage son infaillibilité, mais il ne le fait que dans un nombre réduit de cas. C’est une erreur de penser que toute parole sortie de la bouche du pape est infaillible. (…)

Il est clair que dans des cas comme la liberté religieuse, l’hospitalité eucharistique autorisée par le nouveau droit canon ou la collégialité conçue comme l’affirmation de deux pouvoirs suprêmes dans l’Eglise, c’est un devoir pour tout clerc et fidèle catholique de résister et de refuser l’obéissance. Cette résistance doit être publique si le mal est public et représente un objet de scandale pour les âmes. C’est pourquoi, nous référant à saint Thomas d’Aquin, nous avons envoyé le 21 novembre 1983, Mgr de Castro Mayer et moi, une lettre ouverte au pape Jean-Paul II pour le supplier de dénoncer les causes principales de la situation dramatique où se débat l’Eglise. Toutes les démarches que nous avons faites en privé pendant quinze ans sont demeurées vaines et nous taire nous semblait devoir faire de nous les complices du désarroi des âmes dans le monde entier.

« Très Saint-Père, écrivions-nous, il est urgent que ce malaise disparaisse, car le troupeau se disperse et les brebis abandonnées suivent des mercenaires. Nous vous conjurons, pour le bien de la foi catholique et du salut des âmes, de réaffirmer les vérités contraires à ces erreurs. » Notre cri d’alarme était rendu plus véhément encore par les errances du nouveau droit canon, pour ne pas dire ses hérésies, et par les cérémonies et discours à l’occasion du cinquième centenaire de la naissance de Luther.

Nous n’avons pas eu de réponse, mais nous avons fait ce que nous devions. (…)

Et le fondateur de la Fraternité Saint-Pie X concluait ce chapitre en ces termes : 

Je veux qu’à l’heure de ma mort, lorsque Notre-Seigneur me demandera : « Qu’as-tu fait de ton épiscopat, qu’as-tu fait de ta grâce épiscopale et sacerdotale ? » je n’entende pas de sa bouche ces mots terribles : « Tu as contribué à détruire l’Eglise avec les autres. »