Ukraine : réactions à l’interdiction de l’Eglise orthodoxe ukrainienne

Source: FSSPX Actualités

Assemblée de l'Eglise orthodoxe estonienne qui a décidé de rompre avec Moscou

Comme il a été rapporté sur ce site, le Parlement ukrainien a adopté, le 20 août dernier, une loi pour interdire sur le territoire national toutes les organisations religieuses liées à la Russie, et en particulier l’Eglise orthodoxe ukrainienne (EOU).

Il faut sans doute rappeler qu’il existe trois “branches” orthodoxes en Ukraine : l’Eglise orthodoxe ukrainienne, dépendant de Moscou ; l’Eglise orthodoxe d’Ukraine, relevant de Kiev ; l’Eglise autocéphale. C’est la première qui est visée par la nouvelle loi.

C’est le 24 août, anniversaire de la déclaration d’indépendance de l’Ukraine – qui s’est détachée de l’Union soviétique en 1991 – qu’a choisi le président ukrainien Volodymyr Zelensky pour signer « la loi interdisant les activités des organisations religieuses liées à la Russie », selon ce que rapporte le site Orthodoxie.com.

Ce dernier précise que la loi « entrera en vigueur dans 30 jours. Ensuite, les organisations religieuses auront neuf mois pour rompre leurs liens » avec la Russie. Cette décision ukrainienne a entraîné une série de réactions dans le monde orthodoxe et au sein des pays où la Russie est influente.

Le patriarcat de Constantinople

Une première réaction a été l’envoi d’une délégation du patriarcat orthodoxe de Constantinople qui a rencontré le métropolite Onuphre, chef de l’EOU, lors d’une visite à Kiev. Comme le note Orthodoxie.com, c’était « le premier contact officiel et direct entre la délégation du Patriarcat œcuménique et l’EOU depuis 2018, date à laquelle les relations avaient été rompues ».

Selon la même source, les réunions se sont tenues « en présence de représentants de l’Eglise orthodoxe d’Ukraine » – indépendante de Moscou – qui a approuvé la loi ukrainienne et a entériné l’exclusion de l’EOU du Conseil panukrainien des églises et des organisations religieuses (CPUEOR) – un Conseil qui réunit de manière formelle toutes les « Eglises » ukrainiennes.

La réaction du pape François

Durant l’Angélus du dimanche 25 août, François a lancé, selon ce que rapporte cath.ch : « S’il vous plaît, que ne soit interdite de façon directe ou indirecte aucune Eglise chrétienne. » Une réaction qui se tient à une ligne du Vatican qui vise « le statu quo concernant la situation canonique des paroisses orthodoxes », pour faciliter le dialogue avec Moscou, mais qui irrite l’Ukraine.

C’est de plus un désaveu de l’action de Mgr Sviatoslav Shevchuk, chef de l’Eglise gréco-catholique ukrainienne, et de Mgr Vitalij Skomarovskyj, président de la conférence épiscopale de l’Eglise (latine) d’Ukraine, qui ont tous deux approuvé l’exclusion de l’EOU du CPUEOR, et affirmé leur soutien au président Zelensky pour la loi d’interdiction de cette Eglise.

La réaction tchèque

Les vagues de cette affaire se sont propagées alentour. Ainsi, selon Euractiv « la commission de la Sécurité du Sénat tchèque a demandé au gouvernement d’enquêter sur l’éventuelle utilisation, dans le pays, de l’Eglise du patriarcat de Moscou pour des opérations d’influence commanditées par le Kremlin ».

L’Eglise orthodoxe dans les Terres tchèques – selon sa dénomination – qui dépend du patriarcat de Moscou, s’est vivement défendue de cette suspicion. Mais pour essayer de désamorcer l’affaire, elle s’est tournée vers… le Conseil œcuménique des Eglises (COE). Une référence étonnante pour des Orthodoxes, qui, pour la plupart, se sont retirés du COE.

Estonie

Selon Zenit, l’Eglise orthodoxe estonienne a décidé de « rompre avec le patriarcat de Moscou dont elle dépend ». De « nouveaux statuts ont été adoptés lors d’une assemblée à Tallinn, qui renforcent son autonomie ». Elle a de plus adopté un nouveau nom « qui supprime toute référence à Moscou, soulignant son identité comme “Eglise orthodoxe d’Estonie” ». D’après le même média, ce changement serait intervenu sous la pression du gouvernement.

Conclusion

Le mouvement général est clair : les anciens pays satellites de l’URSS qui comptent sur leur territoire une Eglise orthodoxe rattachée au patriarcat de Moscou sont en train de l’en détacher. C’est une preuve supplémentaire de la dépendance des Eglises orthodoxes du gouvernement du pays dans lequel elles sont situées. Et de leur utilisation politique par le pouvoir.