Dieu est pauvre

N°160 - SOMMAIRE
- Editorial
- Vie spirituelle : Dieu est pauvre
- Dossier : Mgr Lefebvre, homélie de Noël 1983
- Histoire de la trisaïeule de Charlemagne qui fonda 7 églises : la vie de sainte Begge
- Pédagogie : La gratitude
- Les cercles du Mouvement Catholique de Familles (MCF)
- Vie du prieuré - chronique - dates à retenir - carnets paroissiaux

« C’est au pied du Dieu Tout-Puissant qui a fait le Ciel et la Terre que nous hâtons nos pas. »

Editorial

Noël nous emmène au pied de la crèche de Bethléem. Nous nous y rendons avec les bergers après avoir entendu le message de l’ange : « Je vous annonce une nouvelle qui sera pour tout le peuple une grande joie. Il vous est né aujourd’hui, dans la ville de David, un Sauveur, qui est le Christ Seigneur. Et voici ce qui vous servira de signe : vous trouverez un nouveau-né enveloppé de langes et couché dans une crèche. » Nous sommes dans l’admiration du chant des anges : « Gloire, dans les hauteurs, à Dieu ! Et, sur la terre, paix aux hommes, objet de la bienveillance divine ! ». Alors, nous marchons vers cette étable, en méditant sur la miséricorde de Dieu qui se fait l’un de nous, qui s’offre à chacun d’entre nous, qui opère cet échange admirable : Il prend notre nature pour nous revêtir de la sienne. Dieu se fait homme pour que l’homme devienne enfant de Dieu. C’est d’un enfant mais également de notre créateur que nous nous approchons. C’est vers le Dieu Tout-Puissant qui a fait le Ciel et la Terre que nous hâtons nos pas. 

Mais soudain, nous sommes comme désarmés. Les anges ne nous dirigent pas vers un palais ou une maison majestueuse. Non, bien au contraire. Ils nous guident un peu au-delà de ce petit village de Bethléem à un endroit que tout le monde semblait avoir oublié. Ce lieu mystérieux est une simple étable avec une petite lumière qui éclaire cette scène extraordinaire. L’Enfant-Roi, l’Enfant-Dieu apparaît dans une simple crèche. Son trône n’est qu’une petite mangeoire car, bientôt, il se fera nourriture pour chacune de nos âmes. Sa cour est composée d’une femme humble et d’un homme sage qui le contemplent avec une certaine émotion et un grand recueillement. A côté d’eux, un âne et un bœuf veillent et semblent représenter la création. 

Alors nous nous posons cette question : pourquoi ? Pourquoi Dieu a-t-il voulu que son Fils bien-aimé naisse caché dans cette étable dans le dénuement le plus complet ? Dieu le Père peut nous retourner la question : « qu’auriez-vous le plus admiré si mon enfant était né dans un palais d’or, de marbre et de bois d’essence précieuse ? Qu’auriez-vous le plus admiré si j’avais déployé toute une cour de princes, de reines et de valets parés de leurs plus beaux habits ?  Qu’auriez-vous le plus admiré si une armée de mille hommes avaient monté la garde auprès de son trône ? ». Soyons honnêtes : nos regards se seraient portés vers ce qui est vain, vers ce qui passe, vers ce qui brille. A peine nous serions-nous tournés vers ce Dieu fait homme pour y admirer sa miséricorde à notre égard. Finalement, nous n’aurions pas compris toute la beauté de l’Incarnation, de la Maternité divine, de la paternité du saint patriarche. 

Jésus veut naître pauvre afin que nous puissions nous tourner vers l’essentiel : la sainteté, la divinité, et l’humanité du Christ. Oui, la pauvreté nous permet de nous attacher à l’essentiel. Elle nous assimile à Dieu qui est pauvre car il n’a rien. Dieu ne possède rien. Où se trouvent donc les richesses de Dieu ? Elle se trouvent en Lui : Dieu est riche de ce qu’il est, de ses perfections infinies. 

L’Enfant-Jésus nous invite à cet esprit de pauvreté. Comprenons que ce qui fait notre richesse est dans ce que nous avons reçu et dans ce que nous sommes : la grâce et la dignité d’être un enfant de Dieu. C’est tout le sens de l’enseignement du Sauveur : « le Royaume de Dieu est au-dedans de vous » (Saint Luc XVII, 21). Cette perspective est en totale opposition avec cette société consumérisée qui fait de la possession immodérée des biens matériels une fin et un bien. Seulement, notre cœur n’est pas fait pour ça : il n’est jamais satisfait par ce qui est fini. Notre cœur est fait pour aimer l’infini. Seul l’esprit de pauvreté peut satisfaire cette soif de Dieu. Il apaise et ne se soucie que raisonnablement du matériel. Il nous fixe sur l’essentiel qui est la possession de Dieu. Aujourd’hui, non seulement la possession de nombreux biens matériels est un facteur d’attachement à ce qui passe mais est aussi occasion de péché. Que l’on pense au numérique, à l’attrait des dernières technologies. Combien de chutes… Combien d’addictions… Combien de tristesse… 

Goûtons la joie simple et profonde de la crèche de Bethléem.  Que la Sainte Famille nous fasse comprendre où se trouve notre véritable trésor : dans la possession de Dieu et la joie de l’éternité. C’est finalement notre seule espérance. 

Que saint Joseph bénisse nos familles !

Abbé Michel Poinsinet de Sivry
Supérieur du District de Benelux