La Foi

N°133 - SOMMAIRE : Je demande à l’Église la foi, jusqu’à ma mort. Catéchisme de la Somme Théologique. La vertu théologique de foi. Mgr Marcel Lefebvre et l’audience avec le pape Paul VI de 1976. Spiritualité : Retraite avec Saint Jean, L’Esprit de Vérité et d’Amour. Catéchisme de Saint Pie X : La passion du Christ. Entretien de Mgr Bernard Fellay dans le Tagespost du 28 juin 2018. Communiqué de la Maison générale de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X. Nouvelles de l’Eglise et du monde. Chronique du prieuré.

La vertu théologique de Foi

La Foi surnaturelle est la révélation que Dieu fait de son Mystère, par l’Ancien et le Nouveau Testament. La Foi est aussi la vertu théologale que Dieu infuse à l’âme chrétienne pour l’adapter à la Révélation : « Alors, il leur ouvrit l’intelligence pour comprendre les Ecritures1  ». Enfin c ’est une grâce divine, respectueuse de la liberté, pour professer et adhérer personnellement : « Credo, Domine !2  ».

« Quand le Fils de l’homme viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ? »3 , car à la fin du monde, « il surviendra de faux christs et de faux prophètes… au point de séduire, s’il était possible, même les élus »4 . On peut donc perdre la Foi, par rejet de la grâce d’adhésion, par des doutes volontairement entretenus sur la Révélation, ultimement par l’hérésie et l’apostasie. La Foi —contenu révélé— peut être perdue par oubli, fruit de la négligence à s’instruire ou encore par le défaut de transmission à la jeune génération. Ainsi beaucoup de contemporains, issus de familles chrétiennes, ne sont plus catholiques parce qu’ils n’ont rien ou presque rien reçu des éléments de la Foi divine et catholique. Mais, l’Eglise Catholique conservera toujours la Foi, en vertu de l’indéfectibilité que Jésus lui a promise.

Cependant, depuis plus de cinquante ans, la Foi est attaquée du sein même des plus hautes sphères de la Hiérarchie. Le coup d’envoi a été le Concile Vatican II dont tant de réformes et d’enseignements subséquents sont ainsi viciés jusqu’à nos jours. Sous prétexte d’aggiornamento —de mise à jour— une véritable révolution s’opère, insidieusement, par équivoques et ambiguïtés ; l’hérésie est latente.

Déjà, en décembre 1968, le Pape Paul VI faisait ce constat, sans pour autant remettre en cause le Concile et sa réforme : « L ’Église se trouve dans une heure d’inquiétude, d’autocritique, on dirait même d’autodestruction. C’est comme un bouleversement intérieur, aigu et complexe, auquel personne ne se serait attendu après le Concile… Comme si l’Église se frappait elle-même»5 . Devant l’ampleur du désastre, le 30 juin 1968, le Pape réagit au cours de la messe de clôture de l’année de la Foi commémorant le dix-neuvième centenaire du martyre des saints Apôtres Pierre et Paul. Le Pape proclame une profession de Foi, appelée « Credo du Peuple de Dieu » et resté dans l’histoire sous le nom de Credo de Paul VI6 . Malheureusement, ce Credo solennel n’a pas été efficacement suivi de mesures salutaires et l’auto-démolition de l’Eglise s’est accélérée. Après la Foi, la Morale sera attaquée par la vaste contestation des progressistes contre l’encyclique Humanae Vitae 7 , publiée trois semaines après le Credo. Le Pape y affirme sans ambiguïté la vérité sur le mariage et la procréation, condamnant clairement « l’interruption directe du processus de génération déjà engagé » dont l’avortement et la contraception.

En 1970, désignant le Concile Vatican II et sa réforme comme causes récentes de l’autodestruction, Monseigneur Lefebvre s’engage au maintien du sacerdoce dans l’Eglise selon les saintes Traditions. Malgré l’injuste condamnation en 1975-76, il poursuit vaillamment. Le 30 juin 1988, âgé de 82 ans, malgré le Saint-Siège exigeant encore une « réconciliation», c’est-à-dire une adhésion à la cause de l’autodestruction, il sacre quatre évêques pour continuer l’œuvre commencée.

Trente ans plus tard, aujourd’hui, nous admirons le courage de Mgr Lefebvre et nous rendons grâce à Dieu des fruits salutaires que porte la Fraternité Saint Pie X. En juillet 2018, son quatrième Chapitre Général a confirmé sa vocation au service du sacerdoce et de l’Eglise : le bon combat de la Foi 8 —la bataille pour la Tradition— continue.

 

Abbé Patrick Duverger, Supérieur de District