N° 153 - SOMMAIRE
- Editorial
- Vie spirituelle : La lecture spirituelle
- Catéchisme : l'homme et le péché originel
- Histoire : Sainte Gertrude de Nivelles
- Pédagogie : Apprendre la bonté
- Vie du prieuré - chronique - dates à retenir
« Au Ciel, saint Joseph commande plus qu’il ne prie. » (Sainte Thérèse d’Avila)
Editorial
En plein cœur du Carême, la sainte Église nous invite à contempler deux personnages centraux du mystère de l’Incarnation rédemptrice : en premier lieu, la Bienheureuse Vierge Marie dont nous fêterons l’Annonciation le 25 mars. Nous comprenons tout de suite le lien entre Marie, l’Incarnation et la Rédemption. C’est en effet par elle et en elle que le Verbe de Dieu s’incarne, qu’il assume une nature humaine, qu’il peut s’offrir en hostie pure et sans tache pour la rédemption des hommes. Ensuite saint Joseph que nous fêterons le 20 mars cette année (et non le 19 en raison du dimanche de Carême qui prime). Soyons honnêtes, le lien entre saint Joseph et le mystère de l’Incarnation rédemptrice paraît cette fois-ci plus abstrait. Et pourtant… tentons de répondre à cette difficulté.
Tout d’abord, saint Joseph a une place tout à fait particulière par rapport au mystère de l’Incarnation. On peut en effet appartenir à l’ordre de l’Incarnation de deux manières : intrinsèquement, en réalisant en soi la substance même de l’Incarnation (Notre Seigneur appartient ainsi intrinsèquement et substantiellement à cet ordre) ou en coopérant à la réalisation du mystère (c’est de cette manière que la Très Sainte Vierge appartient à cet ordre). Extrinsèquement, en mettant en relief ce mystère. Or, saint Joseph, par sa mission toute spéciale qui lui fut confiée, se rattache intimement à cet ordre. Bien plus que les prophètes, les apôtres ou les évangélistes. La Vierge Marie ne devait en effet concevoir le Verbe en son sein qu’en tant qu’épouse de saint Joseph. Il s’ensuit donc que saint Joseph fut comme le fondement ou la condition du privilège de la maternité divine de la Sainte Vierge Marie, du mystère de l’Incarnation réalisé en elle.
Ensuite, saint Joseph a un rôle tout à fait particulier par rapport au mystère de la Rédemption. La vie de ce saint Patriarche ne fut pas un long fleuve tranquille. Parlons d’abord des douleurs dues aux évènements particuliers de sa vie : la grossesse de Marie, les circonstances de la naissance de Jésus, la circoncision de Jésus, la prophétie du vieillard Siméon sur les souffrances de Marie et de son enfant, la fuite en Égypte, le retour d’Égypte, la perte de Jésus. Le rosaire considère certes ces mystères comme « joyeux » mais seulement par rapport à nous. Ajoutons aussi la douleur à la vue de la malice des hommes constamment sous ses yeux. Surtout, saint Joseph connaissait la destinée de son enfant : la passion et la mort pour la rédemption des âmes. Cette perspective transperçait sans aucun doute son cœur de père qui avait une capacité plus grande à souffrir car plus grande à aimer. La douleur du patriarche se mesure en effet par diverses causes : la cause matérielle qui est son âme. Or, en raison de la perfection qu’elle possédait, elle le rendait plus sensible que quiconque à la douleur et à tout autre mouvement de l’appétit sensible. La cause efficiente qui est la considération des péchés des hommes et l’appréhension de la future passion du Sauveur. Mais c’est surtout la cause finale ou le motif pour lequel saint Joseph souffrait qui donnait à ses douleurs toute leur noblesse et leur efficacité. Ses souffrances allaient entièrement au salut du monde ; et c’est précisément cette considération qui peut lui valoir par analogie le titre de « corédempteur » dans la mesure où il complète abondamment ce qu’il manque à la Passion du Christ, dans la mesure où il s’unit d’une manière plus parfaite et plus étroite aux souffrances du Sauveur, dans la mesure où il a coopéré sous le Christ et avec le Christ au salut du genre humain.
Le mois de mars est traditionnellement consacré à saint Joseph. C’est dire combien il est important de renouveler notre dévotion envers ce saint patriarche, patron de l’Église depuis 1870 et patron de la Belgique depuis 1679, surtout nous qui avons l’insigne honneur de nous sanctifier dans son sanctuaire national ! Prenons tout de suite date : dimanche 19 mars, après la messe chantée, participons à la procession dans les rues de Bruxelles en son honneur. Et lundi 20 mars, assistons à la messe solennelle. Il est certain que saint Joseph nous bénira et demandera à son enfant d’abondantes bénédictions sur chacun d’entre nous, sur nos familles et sur notre pays. « Au Ciel, saint Joseph commande plus qu’il ne prie » nous dit sainte Thérèse d’Avila.
Que chacun se mobilise !
Abbé Michel Poinsinet de Sivry
Supérieur du District de Benelux