N° 139 - SOMMAIRE : Le trésor de l'Eglise. L'élaboration du missel romain. Brève histoire de la réforme liturgique. Mgr Lefebvre : le sacrifice de Notre-Seigneur est au coeur de l'Eglise. L'assistance à la messe source de sanctification. Retraite avec St Jean : la Passion du Christ. Catéchisme de St Pie X : l'Eucharistie. Actualités de l'Eglise. Chronique du Prieuré.
Le Trésor de l’Eglise
Le rite tridentin de la Messe est le trésor de l’Eglise latine. Par son ancienneté, il manifeste un aspect de la catholicité de l’Eglise, à savoir la permanence de celle-ci, de siècles en siècles. Ses prières et ses cérémonies expriment exactement le renouvellement du Sacrifice du Nouveau Testament. Par le prêtre, le Christ offre, en personne, le sacrifice de sa vie humaine au Père éternel, sous le mode sacramentel du pain et du vin transsubstantiés en son Corps et en son Sang pour être nourriture spirituelle.
Depuis des siècles, ce rite a porté la prière de l’Eglise dans toutes ses vicissitudes et surtout aux temps d’hérésies. Particulièrement au XVI° siècle, quand Luther et les réformateurs ont vidé la messe de sa substance. Alors, l’Eglise, par le pape St Pie V, a codifié, de manière encore plus stable, ce rite de la messe, désormais dénommé messe tridentine1 , car elle est un des fruits du glorieux concile de Trente.
De nos jours, ce rite reste la source pure où, comme leurs prédécesseurs, les catholiques peuvent alimenter l’intelligence de leur Foi, leur témoignage de la vérité et de la joie de l’Evangile. Ce rite garde toute sa vertu divine de sanctification pour revitaliser le désert spirituel laissé par le progressisme et le matérialisme.
Il y a cinquante ans, en un temps où ce rite antique et vénérable aurait du laisser place au nouvel Ordo de la messe dite de Paul VI2 , l’Eglise approuvait la fondation de la Fraternité St Pie X par Monseigneur Marcel Lefebvre. Si l’illustre prélat a aussitôt réagi contre la désacralisation portée par la nouvelle messe, il a en observé l’évolution jusqu’en 1974. Alors, il a engagé les fidèles à la refuser catégoriquement tandis que lui-même décidait de s’en tenir exclusivement à la liturgie tridentine dans sa dernière édition de 1962. Cela lui valut d’injustes sanctions. Durant des années et surtout de 1969 à 19843 , des évêques, des prêtres, des fidèles souffriront une marginalisation, parfois cruelle, pour avoir refusé d’adopter ce nouvel ordo et pour rester fidèles au rite traditionnel. La fidélité de ceux-là et celle de Mgr Lefebvre au premier rang, a providentiellement contribué à maintenir l’usage et, aujourd’hui à redéployer le rite tridentin. La Fraternité Saint Pie X, née dans ces circonstances, a grandement servi l’Eglise dans cette opération de sauvegarde.
Cependant, la Fraternité n’a pas été fondée contre la nouvelle messe, mais pour servir l’Eglise, c’est à dire pour former des prêtres et les accompagner au long de leur ministère sacerdotal, dans le rayonnement de la messe quotidienne. Ce service perdurera s’il est empreint de lucidité faite de fidélité et d’harmonie ajustée aux circonstances présentes. En effet, l’action du Pape Benoît XVI en faveur du rite tridentin, en 20074 et les actions subséquentes en faveur de la Fraternité St Pie X5 manifestent des opportunités inimaginables, il y a seulement 20 ans.
Abbé Patrick Duverger, Supérieur de District.
- 1Pape St Pie V, Bulle Quo primum tempore, 14 juillet 1570.
- 2« L’adoption du nouvel Ordo Missæ n’est certainement pas laissée à la libre décision des prêtres ou des fidèles. (…) Le nouvel Ordo a été promulgué pour prendre la place de l’ancien. » Pape Paul VI, discours au Consistoire, 24 mai 1976 - Cf Pour-Qu’Il-Règne 138, automne 2019.
- 3De la promulgation de Nouvel Ordo (avril 1969) à la première ouverture limitée en faveur du rite Tridentin, par Jean-Paul II (Lettre Quatuor abhinc annos, octobre 1984)
- 4Pape Benoit XVI, Motu proprio Summorum pontificum, 7 juillet 2007 - laissant un droit de cité assez passable au rite tridentin.
- 52009 : levée des excommunications de 1988 ; 2011 : discussions théologiques entre le St-Siège et la Fraternité ; 2013 : affirmation explicite de la juridiction des confessions ; 2015 : affirmation explicite du bien-fondé des ordinations sacerdotales pour la Fraternité ; 2017 : consignes aux évêques en faveur des mariages par les prêtres de la Fraternité.