La vocation

« Priez donc le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers dans Sa moisson » (Math, IX, 36-38)

Editorial

« Laissez une paroisse vingt ans sans prêtre et on y adorera des bêtes ».  Vingt ans, c’est une génération. Quarante ans, c’en est deux. La sagesse du Saint Curé d’Ars brille malheureusement d’un éclat particulier dans notre siècle sans prêtre depuis maintenant plusieurs décennies. Nous sommes en effet les malheureux témoins d’un monde qui refuse Dieu et qui, par conséquent, vit dans le désordre. Certes, remplis d’espérance, nous nous battons pour restaurer l’ordre et le règne de Notre Seigneur Jésus-Christ. Mais il faut bien avouer que le résultat n’est pas souvent à la hauteur de notre zèle. La raison est simple. C’est qu’il n’y a, en réalité, qu’un seul moyen efficace et salutaire d’atteindre ce but : le sacerdoce.

Il n’y a en effet que le sacerdoce qui puisse restaurer la paix dans les âmes et par conséquent dans les sociétés. Pourquoi ? Parce que le prêtre est un « autre Christ ». Par son caractère sacerdotal, il s’identifie d’une manière étroite à Notre Seigneur Jésus-Christ en participant à son sacerdoce éternel. Par ses prêtres, Notre Seigneur prolonge en quelque sorte son Incarnation sur la terre. Le prêtre continue ainsi la mission de Notre Seigneur Jésus-Christ : il restaure tout en Dieu. Il met de l’ordre, c’est-à-dire qu’il oriente toutes les créatures et les sociétés vers leurs fins et par conséquent vers leurs perfections. C’est ainsi que Dieu est glorifié, c’est ainsi que le monde est dans la paix et c’est ainsi que le monde est sauvé.

Pour atteindre ce but, le prêtre dispose des mêmes pouvoirs que Notre Seigneur-Jésus-Christ. Il reçoit le pouvoir sur le corps physique du Christ en consacrant le pain et le vin au corps et au sang de Notre Seigneur. Il reçoit le pouvoir sur le corps mystique du Christ en prêchant la vérité et en gouvernant les âmes. Comme Jésus-Christ et en son nom, il donne la vie aux âmes, il les nourrit, il les fortifie, il pardonne les péchés, il chasse les démons, il sanctifie le mariage et la famille, il donne l’éternité. Le prêtre est ainsi un artisan de paix : il rétablit l’ordre que le péché avait détruit. Il est médiateur entre Dieu et les hommes, entre la cité terrestre et la cité céleste. Il présente nos prières, nos épreuves, nos soucis, nos actions de grâces à Dieu. Et il fait descendre ces mêmes grâces dans nos âmes.

« Et voyant les foules, Jésus en eut compassion ; car elles étaient accablées, et gisaient comme des brebis qui n’ont point de pasteur. Alors Il dit à Ses disciples : La moisson est grande, mais il y a peu d’ouvriers. Priez donc le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers dans Sa moisson » (Math, IX, 36-38). Notre Seigneur continue à avoir compassion pour le monde. Il contemple ces milliers d’âmes qui marchent comme des brebis errantes sans un pasteur pour les nourrir et les guider. Certaines se laissent entraîner par de mauvais pasteurs, d’autres sont mangés par des loups, d’autres enfin errent en cherchant le bercail. Nous manquerions alors gravement à la charité en omettant de prier pour les vocations. Celui qui négligerait volontairement ce devoir mériterait de ne pas avoir de prêtre à son chevet au moment de sa mort. Nous manquerions de bon sens en déplorant le désordre du monde sans prendre le moyen d’y remédier. Ce moyen est extrêmement simple : c’est la prière persévérante, confiante et humble pour demander des vocations sacerdotales et religieuses. Notre Seigneur ne peut pas ne pas exaucer une telle prière car elle répond le plus à l’appel de son cœur miséricordieux !

Que les âmes choisies par Notre Seigneur ne soient donc pas sourdes à son appel ! « Viens et suis-moi ». Que les familles ne mettent aucun obstacle à l’action de la grâce ou, pire encore, à la volonté de Dieu sur l’enfant ! Prions chaque jour pour obtenir beaucoup de saints prêtres !  Et alors, le royaume de Dieu s’étendra à nouveau dans le monde, la cité politique sera en paix, les âmes seront sauvées et le péché détruit.

Que La Vierge Marie et saint Joseph exaucent nos prières, spécialement pour notre district.

Abbé Michel Poinsinet de Sivry
Supérieur du District de Benelux