Un jour sans Jésus était, pour Aldo, un jour sans soleil. Le dernier jour où il est allé à l'école, alors que la maladie lui enlevait déjà toutes ses forces, il confia à un ami sa grande peine : "Aujourd'hui est un triste jour pour moi. Je n'ai pas pu recevoir Jésus."
Si on voulait résumer rapidement la vie d'Aldo Marcozi, cela ne prendrait guère que quelques lignes : né en 1914, décédé quatorze ans plus tard, ce jeune italien partagea sa brève existence entre sa famille, son école et sa paroisse. Point final !
On oublierait cependant l'essentiel : dès ses premières années, Aldo fut animé d'un grand désir, celui de devenir un saint ! Voici donc sa belle aventure.
Désir de la sainteté
Il est né le 25 juillet 1914 à Milan, dans une famille catholique aisée. Ses parents lui parlaient souvent du bon Dieu et lui donnaient l'exemple d'une vie de prières. Dès qu'il put aller à l'école, Aldo fut confié aux frères des écoles chrétiennes. C'est auprès d'eux que le petit garçon sentit grandir en son âme une grande soif d'aimer notre divin Sauveur parfaitement : " Être impeccable en tout : je le puis, je le dois, je le veux, je le serai ! " déclarait-il alors qu'il n'avait que huit ans, sans aucun orgueil mais par pur désir de faire plaisir à son grand Ami.
Deux moyens infaillibles
Mais comment atteindre un si noble but ? Aldo n'était pas naïf, il connaissait ses défauts et sa petitesse. Pour parvenir à ses fins, il utilisa deux moyens infaillibles : Marie et Jésus-Hostie !
" Jésus, qui est tout-puissant, ne peut rien refuser rien à sa mère, la meilleure des mamans; Il veut que nous nous adressions à elle pour obtenir tout de Lui. Puisque nous avons un moyen si facile pour être exaucé, je vais l'employer ! " expliquait-il à sa maman. C'est ainsi que ses proches le voyaient fréquemment prier la Sainte Vierge et implorer son aide dans tous ses besoins. Son chapelet ou son dizainier l'accompagnait partout et dans sa chambre, trônait une belle statue de Notre-Dame qu'il fleurissait régulièrement...
Un jour, un prêtre ami de sa famille le taquina sur sa dévotion "excessive" envers la Vierge Marie. Aldo lui répondit aussitôt : " Normalement on aime tout ce qu'aime son ami. La Sainte Vierge est la personne la plus aimée de mon plus grand Ami, Jésus, alors, je veux l'aimer comme Lui ! De plus, je sais que si je lui demande, elle m'aidera à aimer encore mieux le bon Dieu ! Personne n'y perd, au contraire..."
Aldo était chrétien tous les jours et dans toutes les circonstances.
Obéissance immédiate et généreuse
Encore enfant, il jouait un jour avec ses petits soldats. " Pense à préparer tes livres, lui conseilla sa maman qui passait par là, car dans quelques jours, l’école recommence. " Un instant après, la maman repasse. Les petits soldats avaient disparu. Aldo était en train de trier ses livres. Il avait obéi sur-le-champ, tout simplement...
Une autre fois, alors qu'il venait de fêter ses treize ans, il fit un voyage à Rome avec ses proches. Il arrivèrent un soir, tard dans la nuit, à Naples. Faute d'une chambre de libre dans l'hôtel où ils étaient descendus, Aldo fut contraint de loger tout seul dans une petite chambre située au quatrième étage de l'établissement. La pièce donnait à pic sur la mer. Sa maman passant la tête par la fenêtre de cette mansarde eut le vertige. Effrayée, elle recula et recommanda à son fils de ne pas trop s'approcher de la fenêtre quand il serait seul. Le lendemain quand l'adolescent rejoignit sa famille sur la terrasse de l'hôtel il s'exclama devant la beauté du paysage : " Que c'est beau la mer ! - Mais comment, lui dit son père, tu ne l'a pas encore vue ? - Non, reprit Aldo, maman m'avait dit de ne pas m'approcher de la fenêtre ! J'ai obéi."
Son désir de sainteté ne rendait pas Aldo triste ou trop sérieux. Au contraire, il rayonnait la joie. Passionné de sport, de cyclisme surtout, grand défenseur de son pays, il était curieux de tout, mais jamais au détriment de son amitié avec Dieu. Dans un petit carnet où il écrivait ses pensées, il avait noté cette phrase : " Quel malheur ce serait pour moi de ne pas être un parfait chrétien !... Marie me guide tous les jours à devenir meilleur... "
Un jour, son cousin Franco qui le savait curieux des choses historiques et guerrières, l'invita à la projection d'un film qui parlait des guerres de Napoléon. Aldo lui répondit gentiment : " Les faits historiques s'apprennent fort bien dans les livres. Au cinéma on mêle trop souvent des romances sentimentales ou des fausses vérités à l'intrigue. Nos professeurs nous déconseillent de regarder ces films. Ils ont raison ! Excuse-moi, mais je n'irai pas. "
Ami de Jésus-Hostie
Si Aldo était un grand dévôt de Marie, il est difficile d'exprimer à quel point il fut l'ami de Jésus-Hostie. Dès l'âge de dix ans, il se levait seul, tôt le matin, pour assister à la messe et recevoir la communion, avant de partir à l'école. Il se confessait souvent pour présenter à Jésus - disait-il - " une âme toute propre ". Les dèles étaient édifiés quand ils l'observaient s'approcher du banc de communion, sans se soucier de ce qui se passait autour de lui, puis repartir les mains jointes pour se couvrir aussitôt le visage avec ses paumes et se lancer dans une intense conversation amoureuse avec son divin Hôte. " Par un rigoureux matin d'hiver où le thermomètre affichait -10°, raconte un de ses cousins, j'entendis Aldo se lever pour aller servir la messe. Nous étions en vacances, il faisait glacial, il venait d'être malade... Je lui déclarai que c'était pure folie de partir dans l'obscurité, par ce temps pour quelque chose qui n'était pas obligatoire ! - Rappelle-toi, me dit-il, que pour Dieu, il faut être prêt à tout; c'est le devoir de tout bon chrétien et c'est bien peu de chose quand on pense à ce que Jésus a souffert pour nous au calvaire ! "
Quand il était invité par sa famille à une sortie, un voyage d'agrément, il demandait toujours s'il pourrait assister à la messe. Si la réponse était douteuse, il disait clairement à ceux qui l'invitaient : " Je préfère rester à la maison ".
Un jour sans Jésus était, pour Aldo, un jour sans soleil. Le dernier jour où il est allé à l'école, alors que la maladie lui enlevait déjà toutes ses forces, il confia à un ami sa grande peine : "Aujourd'hui est un triste jour pour moi. Je n'ai pas pu recevoir Jésus. "
Servir la Messe
Un autre de ses grands bonheurs était de pouvoir servir la messe régulièrement. En le voyant dans le chœur, plus d'un témoin pensa qu'il deviendrait prêtre un jour... Les dernières heures de son existence, alors que la fièvre le tourmentait, il interpella plusieurs fois sa maman : " Donne-moi mes vêtements, il est déjà tard, le Père m'attend pour servir la Sainte Messe".
Il accepta sa maladie comme le reste, avec le sourire. Quand on demandait à Aldo, bien portant, pourquoi il riait toujours, il répondait : " parce que je suis content de vivre ". Avec la même sincérité, frappé par la maladie, il murmura sur son lit d'agonie : " je suis content de mourir ".
La mort d'un Saint
Durant sa longue agonie il n'a fait que soupirer le nom de Jésus et de Marie. Peu avant de remttre sa belle âme à Dieu, il se tourna vers sa mère et lui exprima son dernier souhait : " Maman, récitons le cinquième mystère glorieux. Le couronnement de la Vierge et la gloire de tous les saints ! "
Aldo était né un samedi. Il mourut le 24 novembre 1928. Ce jour-là était aussi un samedi, le jour de " La mia Madonnina, sa petite Madonne " comme il aimait appeler Notre-Dame.
Sa dévotion mariale, son amour pour l'Eucharistie, ont entraîné Aldo, sans chute ni faux pas, sur le chemin de la sainteté !