L’Église face à la mort

N° 149 - SOMMAIRE

- Editorial

- Vie spirituelle : L’Extrême-onction, dernière planche de Salut

- Catéchisme : Les sources de la Foi

- Histoire : Saint Bavon, un saint local

- Pédagogie : Face à la mort

« Notre existence n’a de sens que si elle tend à Dieu. Notre âme spirituelle est faite pour cette vie éternelle c’est-à-dire pour cette vie qui n’a pas de fin. »

Editorial

En 1522, saint Ignace commence l’écriture de ses célèbres exercices spirituels. Pour ce faire, il se rend au sanctuaire de Notre-Dame de Montserrat, en Catalogne. Un jour, alors qu’il se trouve dans une grotte, à Manrèse, au nord de Barcelone, Notre Dame lui apparaît. Elle lui révèle les thèmes à méditer et l’ordre à suivre. Docilement, il rédige ces exercices selon les instructions de la Sainte

Vierge.

Ceux-ci commencent par cette première méditation : « L’homme est créé pour louer, honorer et servir Dieu, notre Seigneur, et, par ce moyen, sauver son âme ». C’est le principe et fondement. Dès les premières lignes, Notre Dame et saint Ignace fixent ainsi notre intelligence sur notre cause finale, c’est-à-dire ce en vue de quoi nous existons : Dieu. La cause finale détermine en effet tout notre être. Elle influe sur notre agir. Animal raisonnable et par conséquent libre, nous pouvons sans doute refuser notre cause finale mais il est difficile de nier son existence. Nous pouvons nous en affranchir mais nous nous condamnerions au malheur éternel car se détourner de notre fin, c’est se détourner de notre bien. Pour atteindre notre fin qui est Dieu, pour jouir du Bien Infini au Ciel, il faut que l’âme y tende chaque jour de toutes les puissances de son être.

Saint Ignace préconise donc de considérer notre fin. Il rappelle que nous sommes faits pour Dieu. Notre existence n’a de sens que si elle tend à Dieu. Notre âme spirituelle est faite pour cette vie éternelle c’est-à-dire pour cette vie qui n’a pas de fin. D’ailleurs, les puissances de notre âme nous le témoignent sans cesse : l’intelligence et la volonté sont faites pour aimer l’infini, et seul Dieu, être infini, peut parvenir à satisfaire ce désir. Quelle est donc la place des créatures, raisonnables ou irrationnelles ? Faut-il s’en détourner ? Faut-il les mépriser ?

Saint Ignace répond. Les créatures n’ont de sens que si elles nous aident à atteindre notre fin : « les autres choses sur la face de la terre sont créées pour l’homme, et pour l’aider dans la poursuite de la fin pour laquelle il est créé ». S’y attacher excessivement est donc vain, parfois peccamineux.

Profitons alors de la liturgie du mois de novembre pour contempler l’éternité. La fête de la Toussaint et celle des défunts nous rappellent l’enjeu de notre vie ici-bas : préparer notre éternité.

L’Église nous invite à méditer sur la mort, passage obligé qui nous fait entrer dans cette vie éternelle. Puis, elle nous plonge dans les affres de l’enfer et du purgatoire avant de nous emmener au Ciel où nous contemplons la phalange des anges et des saints. La Liturgie réveille notre désir du Ciel. Elle nous rappelle que nous sommes destinés à cette éternité et qu’ici-bas, nous ne sommes que de passage. Ces considérations sont salutaires : elles nous enseignent le sérieux de la vie, elles relativisent les épreuves et les maux en les projetant dans la perspective de l’éternité. Le mal sert notre éternité si nous lui donnons du sens c’est-à-dire si nous l’unissons à la croix de Notre Seigneur pour obtenir des mérites et la conversion des âmes.

Pensons tous les jours à cette éternité : le matin lorsque nous offrons notre journée et le soir lors de notre examen de conscience.

Notre-Dame n’aspirait qu’au Ciel. Imitons notre mère et demandons-lui chaque jour de nous y conduire !



Abbé Michel Poinsinet de Sivry

Supérieur du District de Benelux