N°161 - SOMMAIRE
- Editorial
- Vie spirituelle : les exercices spirituels
- Dossier : Communiqué du Supérieur Général de la FSSPX, Abbé Davide Pagliarani
- Histoire : Sainte Aldegonde
- Pédagogie : Veux-tu aimer Jésus?
- Vie du prieuré - chronique - dates à retenir - carnets paroissiaux
- In memoriam, Roger Lefèbvre
« La Croix demeure tandis que le monde tourne »
Editorial
« Un Enfant nous est né, un Fils nous est donné : la souveraineté repose sur son épaule et on L’appellera le Messager d’en-haut ». C’est par cette belle prière de l’introït de la messe du 1er janvier, octave de la Nativité, que la Sainte Église ouvre l’année civile. L’Église manifeste ainsi son espérance en ce Divin Enfant parce que Celui-ci est la preuve infaillible que Dieu tient toujours ses promesses. Dieu est fidèle : Il nous donne son divin fils comme Il nous l’avait promis afin que, par Lui, nous puissions retrouver notre dignité d’enfant de Dieu et notre héritage céleste.
Cet Enfant est le Roi des rois. Il règne parce qu’Il est le Verbe par qui « tout a été fait » ; Il règne parce qu’Il est le rédempteur qui a vaincu le monde en mourant sur la croix.
Cet Enfant est le centre de l’Histoire. Qu’est-ce en effet que l’Ancien Testament sinon un élan progressif vers l’avènement du Messie ? Tout y parle de Notre-Seigneur. Depuis la Genèse et la promesse de Dieu à nos premiers parents, les hommes ne soupiraient en effet qu’au Sauveur. Sa personne comme sa vie étaient figurées par certaines personnes, par des évènements, par des actions et mêmes par des êtres matériels. Son portrait, sa vie, sa mission, sa souffrance et sa gloire se dessinaient au fur et à mesure du temps. Toute l’histoire des hommes de l’Ancien Testament n’est finalement qu’une lente préparation à l’avènement du Sauveur à Bethléem.
Et lorsqu’apparaît Notre-Seigneur Jésus-Christ, la plénitude des temps est accomplie : « lorsqu'est venue la plénitude des temps, Dieu a envoyé son Fils, né d'une femme et soumis à la loi de Moïse, afin de racheter ceux qui étaient soumis à la Loi et pour que nous soyons adoptés comme fils. » (Galates. IV, 4-7). Cette naissance est un évènement si important qu’il marque le centre de l’Histoire des hommes. Il y a ainsi les siècles avant Jésus-Christ et les siècles après Jésus-Christ. Il suffit de regarder le calendrier pour voir que l’Histoire ne s’articule qu’autour d’un avant et un après Jésus-Christ. L’Histoire des hommes entre alors dans sa perfection dans la mesure où Notre-Seigneur par sa grâce et par son Église élève les civilisations à leur perfection. Le père Roger-Thomas Calmel (1914 – 1975) dans son traité de la Théologie de l’Histoire explique par exemple que, dans le plan de la famille « un progrès décisif fut accompli avec la venue de Notre-Seigneur. À partir en effet de la vie de la Sainte Famille à Nazareth, à partir des noces de Cana, puis de la consécration des vierges au début de l’Église, les mœurs domestiques et la vie de famille ont été élevées à un niveau de pureté, de piété, de douceur qui étaient inconnues de l’antiquité païenne ou même judaïque. Mais ce progrès fut réalisé une fois pour toutes, comme la venue du Sauveur lui-même ; les affinements qui ont pu survenir depuis cette période absolument unique n’atteignent plus le fond des choses. »
Ce même Père Calmel explique que depuis l’Ascension de Notre-Seigneur et la Pentecôte, la succession des siècles ne fut qu’une répétition d’épreuves, toujours nouvelles et cependant toujours semblables, destinées à peupler le Ciel d’une génération de saints toujours différents car suscités sous différentes circonstances : celles des martyrs des premiers siècles de l’ère chrétienne, celles des premières grandes hérésies, celles de la lente maturation d’une civilisation chrétienne au Moyen-Âge, celles de l’annonce de l’Évangile à toute la terre tandis que la foi se refroidissait dans les vieilles nations chrétiennes, puis celle de l’apostasie générale qui prépare la venue de l’Antéchrist et du retour en gloire du Rédempteur…
La méditation de l’Incarnation nous recentre sur l’essentiel et nous procure un beau support de réflexion, voire même, pourquoi pas, une base d’oraison. La devise des Chartreux, « Stat Crux, dum volvitur Orbis », « La Croix demeure tandis que le monde tourne », nous montre combien l’Histoire n’a de sens qu’avec Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Que cet Enfant puisse nous faire entrer dans son mystère afin que nous retrouvions par Lui le vrai sens de notre vie. Et finalement de notre histoire.
Que saint Joseph vous bénisse!
Abbé Michel Poinsinet de Sivry
Supérieur du District de Benelux