N°159 - SOMMAIRE
- Editorial
- Vie spirituelle : Les indulgences, Trésor de l'Eglise
- Dossier : Regard de l’Eglise sur l’incinération
- Histoire : Le révérend Père Schilling, un converti norvégien
- Pédagogie : Puni à l'école
- Vie du prieuré - chronique - dates à retenir - carnets paroissiaux
« Les mérites du Christ sont répandus sur l’âme pour laquelle nous voulons offrir la messe »
Editorial
Le commandement essentiel pour nous sauver est celui de la charité. Il consiste à aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme, de toute sa force et le prochain comme soi-même pour l’amour de Dieu. Pour être parfait, l’exercice de la charité doit aller au-delà de la terre. Nous ne pouvons en effet nous contenter de vouloir du bien qu’à notre prochain « in via » parce que Dieu est en lui ou pour que Dieu soit en lui. Ce serait restreindre le rayonnement de notre charité. Notre charité doit au contraire se répandre sur tous les membres de l’Église, qu’ils soient triomphants, qu’ils soient militants ou qu’ils soient souffrants.
C’est à cette contemplation de la Communion des Saints que la sainte Église nous invite en ce mois de novembre. Ce dogme nous rappelle que nous sommes membres d’une société surnaturelle qu’est l’Église et que, par conséquent, nous devons sans cesse tendre vers son Bien Commun : la gloire de son fondateur, Notre Seigneur Jésus-Christ, son triomphe et le bien de ses membres. De manière plus particulière, la sainte Église souhaite que nous tournions nos regards vers ses enfants qui souffrent sans cesse au purgatoire. D’autant plus que seuls les membres de l’Église militante, c’est-à-dire ceux qui sont « in via » ou sur la terre, ont la possibilité de les soulager.
Mais plusieurs questions peuvent se poser : pourquoi l’existence de ce purgatoire si Notre- Seigneur nous a rachetés par ses mérites infinis ? Pourquoi nous purifier alors que nous recevons le pardon de Dieu dans le sacrement de pénitence ? Il faut considérer deux aspects dans le péché : d’une part, la désobéissance au Créateur, d’autre part, l’attachement déréglé à la créature. Si le premier aspect est pleinement réparé par la contrition et la confession, en vertu des mérites de Notre-Seigneur, le second doit l’être par notre contribution. En d’autres termes, il nous reste encore à expier notre attachement aux choses d’ici-bas, qui empêchent Dieu de régner totalement sur notre âme : péchés véniels non soumis à la confession, peines temporelles dues pour les péchés mortels accusés ou les péchés véniels non suffisamment regrettés et expiés, restes de vices pas tout à fait vaincus. Dans ces conditions, l’âme ne peut entrer au Ciel : elle n’est pas sainte. Il faut donc qu’elle aille dans ce lieu d’expiation et de purification appelé le purgatoire.
« Il y a deux peines en Purgatoire : la peine du dam, l’ajournement de la vue de Dieu ; la peine du sens, le tourment infligé par le feu. Le moindre degré de l’une comme de l’autre surpasse la peine la plus grande que l’on puisse endurer ici-bas. » (Saint Thomas d’Aquin, Somme théologique, IIIa Pars, Q.70 article 3). C’est dire combien sont grandes les souffrances de ces âmes plongées dans le feu qui purifie !
Mais dans sa grande miséricorde, Dieu permet que nous les soulagions par notre médiation dans la mesure où nous sommes les seuls membres de l’Église qui pouvons encore mériter pour nous et pour notre prochain. De quelle manière ? Le meilleur moyen est de leur offrir le Saint Sacrifice de la Messe. En effet, c’est la plus grande prière de l’Église, celle par laquelle nous offrons le corps, le sang, l’âme et la divinité de Notre-Seigneur à Dieu. Les mérites du Christ sont répandus sur l’âme pour laquelle nous voulons offrir la messe. Du 1er au 8 novembre, nous pouvons également leur obtenir une indulgence plénière, c’est-à-dire la remise totale de leur peine et leur entrée au Ciel. Toutes nos prières, nos actions méritoires, nos peines offertes, nos sacrifices, nos jeûnes, nos aumônes contribuent à les soulager ou à les délivrer.
Cette pieuse habitude est un acte merveilleux de charité envers Dieu car nous augmentons sa gloire accidentelle au Ciel, envers le prochain car nous donnons Dieu Lui-même à cette âme souffrante et envers nous-même car l’âme délivrée par notre médiation ne manquera pas de prier pour nous au Ciel !
Nous avons cette malheureuse tendance à oublier nos défunts. Loin des yeux, loin du cœur. Profitons alors du mois de novembre et des richesses que l’Église met à notre disposition pour exercer notre charité du Ciel jusqu’aux enfers !
Que saint Joseph vous bénisse !
Abbé Michel Poinsinet de Sivry
Supérieur du District de Benelux