Pour une Action Catholique

N°168 - SOMMAIRE
- Editorial
- Vie spirituelle : Pour une Action Catholique
- Comment obtenir l’indulgence jubilaire en 2025 ?
- Histoire : Anne de Jésus (1545-1621), fondatrice du Carmel en France et en Belgique
- Pédagogie : L’ordre dans les affaires
- Vie du prieuré - Chronique - Dates à retenir - Carnets paroissiaux

« Tu le dis, je suis roi. Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité : quiconque est de la vérité écoute ma voix. » (Jean, XVIII, 37)

Editorial

L’actualité nous montre des tensions incessantes entre les peuples et des guerres entre les nations. Il règne dans notre monde un climat de défiance, de peur et d’incertitude. S’ajoute à cette instabilité, une terrible immoralité qui gangrène de plus en plus nos pays autrefois catholiques. La puissance des ténèbres semble donc bien régner dans le monde. Et Notre Seigneur Jésus-Christ semble vaincu. 

Pourtant, saint Paul nous presse : « il faut qu’Il règne ! » (1 Cor. XV, 25). Notre Seigneur Jésus-Christ doit régner. Il faut combattre et militer pour le règne de Notre Seigneur. Que veut dire saint Paul ? Quelle est la nature de ce règne ? Est-il possible aujourd’hui ? N’est-il pas qu’un idéal dont la réalité n’interviendra qu’à la fin des temps ? Non. Ce règne est présent. Il doit se réaliser maintenant et dès ici-bas dans les intelligences, dans les cœurs et dans les sociétés. D’ailleurs le pape Pie XI dans sa magnifique encyclique Quas Primas l’enseigne : « Ce serait  une grossière erreur de refuser au Christ Homme l’autorité sur les choses civiles, puisqu’il reçoit de son Père un pouvoir tellement absolu sur les êtres créés que tout est placé sous sa souveraineté ». Mais alors, quelle est la légitimité de ce pouvoir ? 

La divinité de Notre Seigneur : le Christ est Roi parce qu’il est Dieu. Et par conséquent tout lui appartient. D’ailleurs, Notre Seigneur l’affirme lui-même devant Pilate, représentant de la plus haute autorité, celle de Rome : « Tu le dis, je suis roi. Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité : quiconque est de la vérité écoute ma voix. » (Jean, XVIII, 37)

Notre Seigneur est Roi par sa nature divine mais également par sa nature humaine. En effet, celle-ci, en vertu de la grâce de l’union hypostatique (union de la nature divine et de la nature humaine dans la seule personne du Christ), est liée personnellement et substantiellement à la divinité. La sainte âme du Christ a reçu la plénitude de grâce avec les vertus infuses et les dons du Saint-Esprit. Cette grâce est parfaite dès le premier instant de sa conception et n’a jamais augmenté. Cette sainteté rejaillit sur son Corps Mystique dans la mesure où sa plénitude de grâce est non seulement intensive mais aussi extensive : « De sa plénitude nous avons tous reçu, grâce sur grâce » (Jean, I, 16). Le Christ est donc Roi par la grâce d’union mais il l’est également par conquête en vertu de son sacerdoce. En effet, en tant qu’homme, Notre Seigneur a été élevé au sacerdoce : « le Christ ne s’est pas élevé de lui-même à la gloire du souverain pontificat, mais il l’a reçue de celui qui lui a dit : « Tu es mon Fils, Je T’ai engendré aujourd’hui » ; comme il dit encore dans un autre endroit : « Tu es prêtre pour toujours selon l’ordre de Melchisédech » (Heb, V,5-6). En vertu de son sacerdoce et de sa médiation universelle, Il rachète nos âmes par son sacrifice rédempteur, Il illumine nos intelligences, Il purifie nos cœurs et fortifie notre volonté. Son influence s’étend aux individus et, par le fait même, aux sociétés. L’homme est en effet animal politique. Sa nature est de vivre en société. En changeant l’homme, Notre Seigneur change la société. Il la restaure, il la réordonne selon les décrets primitifs de Dieu. Par le règne de Notre Seigneur, l’individu et la société retrouvent la paix. Il faut donc que Notre Seigneur règne. Qu’est-ce à dire concrètement ?

La loi de l’Évangile doit être le cadre de toute loi humaine. Toutes les autorités doivent se soumettre à la primauté de Notre Seigneur devant laquelle elles devront rendre des comptes. La royauté du Christ est le gage de l’exercice juste de l’autorité. Elle prémunit la société de toute tyrannie qu’elle soit politique, intellectuelle ou culturelle.   

Mais ce règne de Notre Seigneur doit être voulu, recherché et accepté. Notre Seigneur ne s’impose pas. Il ne violente pas. Il ne nous donne la paix que si nous la lui demandons. 

Telle est la vocation de la Sainte Église : faire régner librement le Christ dans les individus comme dans les sociétés « apprenez-leur à observer tout ce que Je vous ai commandé » (Math, XXVIII,20). Elle déploie toute son énergie pour que cette prière puisse être exaucée : « que votre règne arrive, que votre volonté soit faite sur la terre comme au Ciel ». 

Chaque membre de l’Église militante a un rôle à jouer. Nul ne peut s’en dispenser. La charité missionnaire doit brûler dans chacune des âmes militantes car le règne de Jésus-Christ ne se fera pas sans elles. À chaque âme d’user de l’apostolat de la prière, du sacrifice librement consenti ou accepté en union avec la croix de Notre Seigneur, de l’exemple et de la parole qui console, qui corrige, qui encourage et qui élève. 

 À l’approche de la fête du Christ-Roi, écoutons ce commandement de Notre Seigneur : « Allez enseigner toutes les nations ! ». Armés de notre foi et de l’espérance, militons pour que le règne de Notre Seigneur s’étende sur la terre. Mais cela ne se fera pas sans celui de Marie : « Jésus veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé » dit la Sainte Vierge aux enfants de Fatima. 

Puissent le cœur de Jésus et de Marie nous enflammer de cette charité missionnaire ! 

Et que saint Joseph vous bénisse ! 

Abbé Michel Poinsinet de Sivry
Supérieur du District de Benelux