N°165 - SOMMAIRE
- Editorial
- Vie spirituelle : Vie active et vie contemplative, l’exemple de Saint Thomas d’Aquin
- Dossier : Sermon de Mgr Fellay pour les funérailles de Mgr Vitus Huonder
- Histoire : Mère Jeanne de Neerinck (1576-1648), fondatrice des Pénitentes Récollectines
- Pédagogie : Chant et éducation
- Vie du prieuré - chronique - dates à retenir - carnets paroissiaux
« Le pèlerinage nous ramène à la réalité de notre condition : il nous rappelle qu’il nous faut chaque jour marcher en direction du Ciel »
Editorial
Notre mère la Sainte Église veut le salut de tous ses enfants. À cet effet, elle leur dispose tout ce qu’elle peut pour les sanctifier, les soutenir, les encourager et les fortifier. Ces moyens sont essentiellement surnaturels. Ce sont les sacrements et la prière. Mais il existe également un autre exercice de piété qui harmonise merveilleusement les moyens spirituels et les moyens naturels de sanctification : c’est le pèlerinage.
La Sainte Église nous l’enseigne : tout homme ici-bas est en pèlerinage c’est-à-dire qu’il est en voyage. Dans le chapitre 11 de l’épître aux Hébreux, saint Paul cite entre autres Abel, Enoch, Noé, Abraham, Isaac et Jacob, et les décrits comme « étrangers et voyageurs sur la terre ». « Étrangers » signifie littéralement des gens qui ne sont pas d’ici, un peuple d’une langue et d’une culture différente. Du latin peregrinus, « étranger », le pèlerin est donc une personne qui habite un pays qui n’est pas le sien. Ce terme « pèlerin » suppose un voyage. Saint Paul parle d’ailleurs de ceux qui « cherchent une patrie ». Les voyageurs dans la Sainte Écriture vivent dans un pays donné, aux côtés d’une communauté, sans jamais s’intégrer pleinement. Ce sont des « non-résidents » qui s’en iront bientôt chez eux. Ils leur arrivent d’accomplir de grandes choses au profit de la nation dans laquelle ils vivent (comme l’avait fait Joseph), mais ils ne cessent jamais d’être pèlerins. Ils ne sont pas comme des expatriés qui ont choisi de s’installer dans un autre pays, pour des raisons professionnelles ou parce qu’ils le préfèrent au leur. Au contraire, le pèlerin est celui qui n’éprouve aucun désir réel d’être là où il est, sauf pour servir Dieu, pour gagner des âmes, pour servir sa famille. Son premier centre d’intérêt n’est donc pas sa patrie actuelle. C’est la patrie céleste.
Le pèlerinage est la parfaite image de notre condition d’ici-bas. Nous ne sommes que de passage et notre vrai patrie est celle du Ciel. Le pèlerinage nous ramène à la réalité de notre condition : il nous rappelle qu’il nous faut chaque jour marcher en direction du Ciel. Bien sûr, la marche est longue. Elle est même parfois difficile. Nous devons affronter la faim, la soif, la pluie, le vent, la tempête, les blessures. Mais combien de joies et de soutiens dans ce qui ressemble à un chemin de croix : Dieu, la Vierge Marie, l’Église, les sacrements, la prière, l’amitié, la certitude que nos souffrances sont fécondes !
Et précisément, nous aurons bientôt l’occasion d’effectuer notre pèlerinage traditionnel de Chartres à Paris. Je ne peux donc que vous encourager à y participer pour tous les fruits qu’il apporte.
Ce pèlerinage rassemble en effet des milliers de pèlerins venus de beaucoup de pays, ce qui donne une image réconfortante de la Tradition. Combien d’âmes en ressortent ainsi fortifiées et converties ! Au cours de la marche, les pèlerins harmonisent la prière et le sacrifice. Ils méditent ainsi pendant trois jours, il prient le rosaire, ils assistent à la messe, ils communient et effectuent une merveilleuse confession. L’âme est légère quand le corps souffre un peu. Mais les pèlerins offrent toutes leurs souffrances pour les intentions qu’ils portent avec eux : une âme à sauver, une famille à porter, une grâce à demander, une épreuve à soulager. Ils sont réconfortés par les personnes qui sont autour d’eux et qui marchent dans la même direction. Ils font la connaissance d’autres fidèles avec lesquels ils partagent une même expérience. Ils se confient à d’autres prêtres qui leur apportent une autre lumière qu’ils ne soupçonnaient pas. Ils se rendent compte qu’ils ne sont pas seuls malgré peut-être le peu de fidèles qui assistent à la messe dans leur chapelle ou leur église le dimanche.
Tout le Ciel regarde cette marche avec beaucoup de complaisance et de fierté. Ces colonnes sont en effet la manifestation de la vitalité de l’Église. Elles sont un beau témoignage de la force de la Tradition. Elles sont l’expression d’une foi profonde au règne social de Notre Seigneur Jésus-Christ. Elles sont un appel à la conversion.
Participons donc généreusement au pèlerinage de Pentecôte ! Incitons de nombreux fidèles, amis à se joindre à nous ! Les prêtres du district vous accompagneront pendant ces trois jours de marche pour vous soutenir et vous aider à entreprendre votre véritable conversion.
Je souhaite remercier tous les prêtres et les fidèles qui s’y investissent déjà depuis plusieurs semaines. C’est un bel encouragement !
En route pour Paris ! Et que saint Joseph vous bénisse !
Abbé Michel Poinsinet de Sivry
Supérieur du District de Benelux