Réactions épiscopales au “responsum” de la CDF

Source: FSSPX Actualités

Mgr Johan Bonny, évêque d’Anvers

Après la réponse donnée par la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF) affirmant que l’Eglise n’a pas le pouvoir de bénir les unions homosexuelles, les réactions épiscopales se sont multipliées, touchant plusieurs pays, la plupart pour refuser, voire fustiger l’attitude de Rome.

Commençons par les réactions positives, qui ne semblent pas avoir été très nombreuses. Citons Mgr Rudolf Voderholzer, évêque de Ratisbonne, qui a réagi moins d’une heure après la publication du texte, pour se féliciter du « non » clair de la CDF aux bénédictions des partenariats homosexuels.

Encore en Allemagne, particulièrement touchée par ces bénédictions, Mgr Stefan Oster, évêque de Passau, a exprimé sa gratitude pour la déclaration du Vatican sur son site internet. Il ajoute que, avec la confirmation du pape François, la CDF « a clarifié une question qui occupe actuellement l’Eglise en Allemagne, mais aussi dans le monde entier, et qui conduit à une polarisation ».

De nombreuses réactions négatives

Le président de la conférence épiscopale allemande, Mgr Georg Bätzing, a pris note du document romain. Sa réaction consiste d’une part à dire qu’il sera pris en compte dans les discussions au sein du chemin synodal, comme « reflétant l’état de l’enseignement de l’Eglise tel qu’il ressort de plusieurs documents romains ». Autrement dit, cet état peut être dépassé.

D’autre part, il regrette cette prise de position, car « cela donne l’impression que l’on veut mettre fin le plus rapidement possible à la controverse théologique qui se déroule actuellement dans diverses parties de l’Eglise universelle ». Il ajoute que « les questions théologiques sur la pratique pastorale d’aujourd’hui ne peuvent être éliminées simplement par une décision du pouvoir ».

En Suisse, le responsable de la pastorale du diocèse de Saint-Gall, Franz Kreissl, a publié une tribune sur le site diocésain au titre évocateur : « Pas de contrôle d’entrée pour la bénédiction de Dieu ! »

L’auteur assène ensuite des propositions plus que douteuses : « L’Eglise n’est pas la gardienne de la bénédiction de Dieu », ou encore « les bénédictions de Dieu sont pour tous », et enfin « la bénédiction ne dépend pas, Dieu merci, de celui qui bénit ». Alors pourquoi a-t-il été dit à Pierre et aux Apôtres que les péchés seraient retenus ou pardonnés selon l’action du confesseur ?

En Belgique, la conférence épiscopale s’est contentée de constater que le texte romain a été ressenti de manière douloureuse par de nombreux couples homosexuels. Et d’encourager tous leurs collaborateurs à continuer à « discerner, accompagner et intégrer », dans la ligne d’Amoris laetitia.

Cependant, Mgr Johan Bonny, évêque d’Anvers, a publié un billet sur Kerknet.be, où il exprime « une honte par procuration pour mon Eglise », ainsi qu’une « incompréhension intellectuelle et morale ». Il ne reconnaît pas dans ce texte l’atmosphère du Synode des évêques sur le mariage et la famille de 2015, auquel il participait.

Il poursuit : « le fait que les couples homosexuels soient indignes de recevoir une bénédiction liturgique de leur relation me fait encore plus honte en tant qu’évêque et théologien ». Il s’échauffe et lance : « De quelle arrière-boutique idéologique est sortie cette déclaration sur la “vérité du rite liturgique” ? »

Le point central vient ensuite : « Une approche respectueuse du mariage homosexuel ne peut se faire que dans le contexte plus large de l'“Ordre de service pour le mariage”, en tant que variante possible du thème du mariage et de la vie familiale, avec une reconnaissance honnête des similitudes et des différences ». Ainsi, pour Mgr Bonny, il peut y avoir un “mariage” homosexuel…

D’autres réactions viendront encore. Cet ensemble fait inévitablement penser à la levée de boucliers qui suivit l’encyclique Humanae vitae de Paul VI. La plupart des épiscopats mondiaux refusèrent la doctrine catholique d’une manière ou d’une autre et le pape ne put s’y opposer. Nous sommes dans la même situation. Que va faire Rome ? Et que peut-elle faire après avoir liquéfié le magistère ?