La messe Pro Populo

Source: District de Belgique - Pays-Bas

L’Église ne confie pas aux prêtres une mission purement extérieure quand il s’agit offrir le Saint Sacrifice de la Messe, elle exige encore de lui qu’il prie aux intentions des fidèles. Aussi en plus d’offrir sa prière du bréviaire, de son chapelet … le Droit Canon[1] fixe l’obligation pour les curés de réserver spécialement l’intention de la Sainte Messe dominicale pour les besoins de sa paroisse. En soi, selon le droit canonique les prêtres de la Tradition ne sont pas « curés » à charge d’une paroisse, mais l’esprit de l’Église les invite à garder ce devoir sacré, et le Supérieur Général de la Fraternité Saint Pie X le demande à ses prêtres. En effet, le prêtre est au service spirituel des âmes, il a reçu sa mission de Notre Seigneur, par l’intermédiaire de sa Hiérarchie, il se doit donc d’exercer une certaine paternité spirituelle en célébrant la Messe pro populo.

Les raisons de la paternité sacerdotale.

La vertu de religion consiste essentiellement à rendre un culte propitiatoire à Dieu le Père par les mérites de Jésus-Christ. Si l’œuvre de la Rédemption est un don gratuit de la Trinité Sainte, Dieu attend en retour que ses baptisés Lui offrent, dans un acte libre de pur amour, non seulement leur être mais aussi leur famille, leur métier, leur santé, leur fortune … Les prières de l’Offertoire rappellent cette loi divine, et les fruits spirituels de la Communion à Jésus-Hostie seront plus ou moins abondants selon leur désir d’union.

En réservant spécialement l’intention[2] de la messe dominicale pro populo, la mission du prêtre (unie à celle des âmes consacrées) consiste en une certaine suppléance vis-à-vis de la piété des fidèles dans leur union aux sentiments du Sauveur lors de son sacrifice. En effet, absorbé par les obligations temporelles de ce monde, et blessé par les conséquences du péché originel le chrétien ne dispose que de peu de temps pour sa sanctification, l’Église confie donc ses intentions aux ministres sacrés particulièrement par l’exercice de l’office dominical en présence des fidèles.

Intentions plus particulières.

Nous constatons par expérience que nos esprits ne peuvent réunir en un seul acte toutes les nombreuses intentions que nous devons présenter au Seigneur. De plus l’aveuglement sur notre misère spirituelle nous fait oublier avant tout de demander les grâces vraiment nécessaires à notre salut. Rajoutons à cette réalité, que certains fidèles n’osent pas offrir une intention de messe aux prêtres soit par respect humain, ou soit parce que le prêtre a un agenda de messes déjà très rempli.

Aussi, il est important que ceux qui assistent à la Messe dominicale s’unissent particulièrement aux intentions générales que la Liturgie formule dans les oraisons de la Messe du jour (collecte, secrète et postcommunion). Et leur ferveur ne pourra qu’augmenter en prenant conscience que leurs intentions personnelles sont, elles aussi, prises en compte par le célébrant puisque les intentions de la messe dominicale sont celles de tous les assistants (et absents légitimes[3]).

Le Saint Sacrifice réunit le prêtre à l’autel et les fidèles autour de Notre Seigneur, de la Sainte Vierge, de Saint Joseph, des Anges …. Lorsque nous prions le chapelet, ou que nous invoquons tel saint pour un besoin, une peine ou un projet, nous sommes certains que nos demandes sont entendues. De même le prêtre rend un culte propice à Dieu, par la grâce sacerdotale, il se met en relation avec la Cour céleste qui ne peut que lui recommande nos attentes. Ayons vraiment confiance en l’efficacité de la promesse de Notre Seigneur qui nous exauce par la Communion des saints. 

Offrande.

À travers le Corps mystique de Notre Seigneur le prêtre offre sa vie et ses forces pour la sanctification des âmes. Comment celles-ci peuvent-elles rendre grâces à Dieu des bienfaits divins qu'elles reçoivent des mains de cet « autre Christ » ? « De tout temps, écrit le Père André d’Angers, les fidèles ont offert le pain et le vin nécessaires au Saint Sacrifice, car le sacrifice a toujours été une offrande, et une offrande de toute l’Église….

C'est surtout au III° siècle qu'apparut cette procession d'offrandes accompagnées de chants. On se souvenait des paroles de Dieu dans l'Exode (avec Moïse) : « On ne se présentera pas devant Moi les mains vides ». D'où l'utilité des offrandes des fidèles pour manifester leur amour de Dieu et leur désir de prendre part au Sacrifice du Christ. Sans offrande, sans sacrifice, il n'y a pas d'amour vrai, d'amour sérieux de Dieu. L'offrande matérielle du pain et du vin disparut petit à petit dans l'Église et fut remplacée par une offrande en argent, la quête. Ainsi, la matière du sacrifice était toujours offerte par les fidèles mais d'une autre manière ».

Il ne s’agit pas ici d’évoquer la question financière proprement dit[4], mais surtout de remercier la grande générosité des fidèles au vu de l’extraordinaire développement des œuvres de la Tradition : nouvelles écoles, nouveaux prieurés… 

Toutefois donnons un sens toujours plus surnaturel à ces offrandes matérielles (quête, dons, legs...) car si c’est à Dieu que nous offrons notre sacrifice, c’est encore Dieu qui par pure bonté nous accorde des biens temporels. Certes, ces derniers sont en règle générale le fruit du travail, et peut-être même de certaines privations. Mais, pour acquérir ces biens terrestres il faut la grâce de la santé physique et psychologique, des circonstances favorables …... autant de conditions qui ne viennent que de Dieu.

Cependant il est bien réel qu'en offrant un don matériel lors de la quête, vous offrez un peu de vous-mêmes, de vos peines, de votre confort …. C’est le signe sensible et sacré de votre oblation, qui doit vous unir au Sacrifice spirituel de l’autel. Vous manifestez ainsi une espérance d’un bien céleste tout en reconnaissant que les biens terrestres sont éphémères et ne sont utiles que pour la vie présente. Dieu voit vos efforts et votre générosité, Il saura vous bénir en conséquence par la surabondance de ses grâces. 

Aussi, sachez bien que la Messe dominicale est offerte pour vous, pour vos intentions personnelles, c’est votre Messe ; c'est ainsi que l’Église le veut !

Abbé Hubert Martellière
 


[1] Canon 466 du CIC de 1917. Messe pro populo ; a) Le curé et tenu d'appliquer pour ses paroissiens le fruit du Saint Sacrifice dans les conditions et au jour prescrit par le c 339 et les quasi-curés ont la même obligation … b) Une seule messe est obligatoire même le jour de Noël ou les jours de dimanche qui coïncide avec une fête de précepte même pour le curé qui est à la tête de plusieurs paroisses ... c) La messe doit être célébrée le jour même de l'obligation … Le curé doit célébrer lui-même la messe pro populo

[2]  Pour les Messes en semaine, le prêtre reçoit une intention personnelle

[3]  Ou qui s’unissent par ce lien spirituel.

[4] On reproche quelque fois à certains prêtres de mal gérer les biens de l’Eglise ; à quoi nous répondons que les laïcs comme les clercs devront rendre compte de leur gestion au sujet des biens matériels. Nous pouvons craindre que le jugement particulier au moment de la mort des âmes consacrées sera plus sévère en vertu de leur promesse de vivre dans l’esprit de pauvreté. Comme toujours, implorons plutôt pour eux la miséricorde divine que de tomber dans la critique.