L’incomparable richesse de notre missel : s’adresser à Dieu.

Source: District de Belgique - Pays-Bas

Ce qui doit nous frapper en parcourant les pages de notre missel, c’est l’évocation du mystère de Dieu. Admirons, de suite, la simplicité, la profondeur, l’harmonie les plus sublimes de cette présentation puisqu’il s’agit d’évoquer notre Dieu Créateur, Rédempteur, Juge, Bienfaiteur…. Aucun livre de spiritualité n’exprime avec autant d’équilibre et de fermeté une réalité si mystérieuse et en même temps si fondamentale à notre raison de vivre sur terre. L’origine de la liturgie de la Messe ne peut être que le fruit de la Sagesse éternelle.

Prenons simplement le texte de la collecte (ou oraison) du dimanche de la Passion : « Nous vous en prions, ô Dieu tout-puissant, regardez vos enfants dans votre miséricorde. » Dieu connaît nos âmes. Par sa science infinie Il est un juge parfaitement juste, et nous pourrions Le craindre d’une crainte servile, et être comme paralysés spirituellement par le désespoir. Mais l’Eglise est une Mère qui connaît la faiblesse de nos âmes, alors elle nous apprend à voir en Dieu sa bonté insondable, en demandant d’abord sa miséricorde pour nos pauvres vies.

Les prières du missel sont tout orientées vers l’adoration, le culte à ce Dieu si bon qui restera toujours un mystère de foi quel que soit l’état d’avancement dans la vie spirituelle. Pourtant il n’y a rien de plus essentiel pour l’homme sur cette terre que de tourner son esprit et son cœur vers son Créateur et Rédempteur.

Pour s’imprégner de ces vérités éternelles et en vivre, il est bon de reprendre les formules du catéchisme, formules simples et fruits de la sagesse de nos anciens. Qu’est-ce que Dieu ? : Dieu est un pur Esprit, Éternel, infiniment Parfait, Créateur du ciel et de la terre, et souverain Seigneur de toutes choses

Notre propos ne cherche pas à expliquer, dans les détails, le catéchisme, mais à réaliser que nous devons rendre un culte intérieur à Celui qui nous a créés à son image pour tendre à devenir un des enfants du bon Dieu. La liturgie (les textes du missel, les cérémonies religieuses, les ornements…) est un support non seulement qui conduit l’intelligence à ce Dieu qui ne veut pas la mort du pécheur mais sa conversion vers la Béatitude, mais qui porte aussi notre cœur à cette union spirituelle avec la Sainte Trinité. En effet, nous nous adressons à un Dieu vivant, à un Dieu proche de ses créatures, et notre relation avec la Sainte Trinité ne peut être que vivante dans les dimensions divines et humaines.

Mgr Lefebvre a défendu la Sainte Messe parce qu’il la vivait intérieurement dans un esprit de foi, d’espérance et de charité. Son Itinéraire spirituel révèle la grandeur de son âme : « La foi nous enseigne que la raison peut et doit parvenir à la conclusion de l’existence de Dieu … En effet tout ce qui est, tout ce que nous sommes, proclame l’existence de Dieu, et chante ses perfections divines… Plus on creuse cette réalité, plus on est stupéfait de la toute-puissance de Dieu et de notre néant, de la nécessité pour toute créature d’être constamment soutenue par cette existence, sous peine de disparition, de retour au néant… Rien que cette méditation et cette constatation devraient nous jeter dans l’humilité, l’adoration profonde… Nous devrions être remplis d’une confiance sans bornes, envers Celui qui est notre Tout et qui a décidé de nous créer, et de nous sauver... Ces affirmations simples sont une source de méditation et de sanctification inépuisable. Que ce soit le regard sur Dieu qui s’épuise dans l’infini ! Que ce soit la constatation des rapports de la créature au Créateur, ou la vue du néant de la créature, nous sommes en face de ce qu’il a de plus vrai, de plus profond et de plus mystérieux en Dieu et en nous. »

Reprenons notre catéchisme pour comprendre la raison du culte que nous devons rendre à ce Dieu si bon. Pourquoi Dieu vous a-t-Il créés, et pourquoi vous conserve-t-Il ? La réponse est pleine de sagesse : Dieu m’a créé et me conserve pour Le connaître, L’aimer, Le servir en cette vie, et par ce moyen Le posséder éternellement dans le Ciel qu’on appelle aussi le Paradis. Ainsi quand vous méditerez les textes de votre missel, pensez que la joie de notre intelligence est de connaître les perfections de Dieu (autant que notre âme en est capable) telles que la toute-puissance, la sagesse, la providence, la miséricorde, le pardon… Heureux l’homme qui cherche à comprendre ce mystère. Quant à l’amour que l’âme doit désirer dans l’union intime avec son Créateur et Rédempteur, elle le trouve par cette attirance surnaturelle à répondre à ce feu de la charité divine en ouvrant grand son cœur ; comment expliquer cet attachement à la Messe de toujours si nous ne trouvons pas cette plénitude de la Charité. Enfin, rempli de la grâce de Dieu, le catholique y puise la force d’accomplir son devoir quotidien au service de sa famille, de la société économique ou civile.

Que veut dire encore que Dieu me conserve ? Notre devoir d’état individuel, familial, économique, civil et ecclésial dépend de la divine Providence. Certes, nous coopérons à la grâce par nos œuvres mais beaucoup de circonstances appartiennent à la Sagesse éternelle. Si Dieu est souverain Seigneur de toutes choses, alors Il veut nous conserver concrètement, par pure bonté, dans les conditions tant matérielles que sociales. Dans les temps de chrétienté, face aux fléaux (guerres, épidémies, peste …) les hommes savaient reconnaître le doigt de Dieu et multipliaient les prières réparatrices pour implorer la miséricorde divine ; ces attitudes chrétiennes étaient récompensées par une bénédiction divine plus grande que si les moyens n’avaient été qu’humains. Si ces vérités nous échappent souvent, la méditation des prières de notre missel nous les rappelle constamment.

Le missel est donc un catéchisme vivant qui conduit nos âmes aux vérités essentielles à la vie chrétienne, tout en invitant à nous remplir de la force divine par la communion spirituelle, (la communion sacramentelle étant empêchée ces jours-ci). Notre Seigneur n’a-t-il pas dit : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en Moi et Moi en lui. » (Jean VI, 58) Concrètement la communion spirituelle consiste tout simplement à un ardent désir de s’unir à Jésus-Eucharistie. Le Concile de Trente dit ceci : « Communier spirituellement, c’est s’unir à Jésus Christ présent dans l’Eucharistie, non pas en le recevant sacramentellement, mais par un désir procédant d’une foi animée par la charité. » Dans bien des missels, nous trouvons des prières à cette intention.

Si par malheur notre âme avait perdu la charité de Dieu par un péché mortel, alors l’Église nous invite à continuer à nous adresser à Dieu en implorant la contrition intérieure, en excitant en notre âme la douleur d’avoir offensé un Dieu si bon. L’exemple de Sainte Jeanne d’Arc peut être une bonne méditation sur cette confiance en Dieu quand devant ses juges qui l’interrogeaient pour savoir si elle était en état de grâce, elle répondit avec justesse et humilité : « Si je n’y suis, Dieu m’y mette ; et si j’y suis, Dieu m’y tienne. » (Si je ne suis pas en état grâce que Dieu m’y mette, et si je suis en état de grâce que Dieu m’y garde.)

Néanmoins ces premières considérations sur l’utilisation générale de votre missel ne se veulent qu’être une introduction à ce grand mystère de Notre Seigneur envoyé sur terre par son Père, pour sauver l’humanité pécheresse en s’offrant sur la croix. Nous méditerons à partir de dimanche, toujours dans notre missel en ce temps de confinement, la Passion de Jésus-Christ.

Pour clore notre propos de ce dimanche, posons un dernier acte de foi quand le Sacré Cœur de Jésus s’adresse à Claire Ferchaud en ces termes : « La Messe est la synthèse vivante de la vie adoratrice de l’Église unie au Christ. » Par la Messe, notre prière ne se résume pas à une démarche purement individuelle, mais elle ravive notre union intime avec le Corps mystique de Jésus qu’est l’Église. Sursum corda !

Soyez assurés chers fidèles et amis de ma prière quotidienne à l’Autel du Sacrifice pour que votre méditation du missel porte d’innombrables fruits de la grâce.