Mot du Supérieur pour juillet 2024: La retraite spirituelle, repos de l'âme

Source: District de Belgique - Pays-Bas

Nous lisons dans l’évangile que Notre Seigneur, poussé par le Saint Esprit, passa quarante jours dans la solitude du désert après son baptême. Pourquoi se retirer ainsi du monde ? Pour se préparer à sa grande mission de restauration, celle de la gloire de son Père et du rachat de toute l’humanité. Cette préparation s’est opérée dans le silence, propice au recueillement et au repos de l’âme.  

Si Notre Seigneur l’a fait, c’est à l’évidence pour nous inviter à suivre ses pas. Et reconnaissons que nous en avons grand besoin. Oui, nous avons besoin de repos. Nous avons besoin de nous retirer de l’agitation incessante du monde, de cette immoralité pesante, de cette sollicitation permanente. C’est même un devoir lorsque nous nous sentons fléchir et attiédis par de mauvaises habitudes. 

Mais à quoi bon se retirer du monde ? Pour retrouver Dieu ! Pour me refixer sur mon idéal et sur ma fin : le Ciel. Pour fortifier mon âme blessée ou peut-être découragée. 

Alors, où dois-je me retirer ? Dans une maison qui organise des retraites spirituelles ! Voilà le lieu idéal et nécessaire à tout catholique. C’est une maison de prière qui permet de me reconnecter à Dieu. La retraite dure cinq jours. C’est à la fois court et à la fois long.  L’âme y médite les grands vérités de la foi, les fins dernières, la vie de Notre Seigneur Jésus-Christ. Elle découvre les richesses de la charité du Christ, la justice et la miséricorde de Dieu, la bonté de la Vierge Marie. Elle peut déposer auprès du prêtre et du Christ tous les péchés de sa vie à l’heure de la confession générale. Cet exercice est certes difficile mais combien sanctifiant ! Nombreuses sont les âmes qui y goûtent une joie débordante après avoir recouvrées la grâce ou après avoir puisées le pardon de Dieu dans l’absolution. Elles communient le lendemain avec les meilleures dispositions. Elles retrouvent leur père comme l’enfant prodigue de l’évangile. 

Au sortir de la retraite, les âmes brûlent d’un feu missionnaire. Elles sont prêtes à tout pour suivre Notre Seigneur et être apôtre. L’œuvre des retraites a sanctifié des milliers d’âmes contribuant ainsi à l’extension du règne de Notre Seigneur Jésus-Christ. Les coopérateurs paroissiaux du Christ Roi, congrégation de prêtres fondée par le Père Vallet en 1928 dont le but est la prédication des retraites, ont ainsi beaucoup rayonné en Suisse. Ils ont prêché des centaines de retraites avec des fruits spirituels importants. Grâce à eux, les âmes ont été préparées à recevoir le combat de la Tradition à Ecône. Monseigneur Lefebvre a trouvé chez les catholiques suisses une ferveur et un accueil très particuliers. Grâce à qui ? À l’œuvre des retraites.  

La Fraternité a eu la grâce de recevoir du Père Barrielle, l’un des membres de cette congrégation, la tradition des retraites de saint Ignace. Nous avons reçu un beau flambeau que nous voulons transmettre aux fidèles.  

En ces temps de vacances, je ne peux donc que vous encourager à prendre le temps de suivre une retraite. Nous avons deux maisons de retraite dans notre district : au prieuré d’Anvers et à l’église du Sacré-Cœur à Steffeshausen. Vous allez sans doute prendre cette décision. Attendez-vous à devoir affronter de nombreuses objections : « tu n’as pas le temps ! ». A quoi sert le temps ? A nous préparer au Ciel. Rien d’autre. Croyez-vous perdre votre temps au service de Dieu ? Croyez-vous perdre votre temps au travail de votre conversion ? Croyez-vous perdre votre temps par la connaissance de Notre Seigneur ? La vraie perte de temps est celle de l’oisiveté et du péché. Ce temps de la retraite est au contraire peut être celui qui vous sauvera. Il vous permet de prendre les grandes décisions de votre vie. Si vous consacrez cinq jours à Dieu, Dieu ne vous abandonnera pas dans vos affaires temporelles. 

« Tu es un bon catholique, tu n’as pas besoin de retraite ! ». « Que celui qui est debout prenne garde de ne pas tomber » dit saint Paul (1 Cor. X, 12) Nous ne sommes jamais assurés de notre salut. À force de nous contenter de nos habitudes, nous finissons souvent par nous attiédir, par tomber dans le péché véniel délibéré et, malheureusement, le péché mortel. Aurons-nous vraiment la certitude d’avoir la contrition au moment de la mort ? 

« Tu ne pourras jamais rester cinq jours en silence ! ». Il est vrai que nous ne sommes pas habitués à goûter le silence. Nous nous laissons trop sollicités par l’outil numérique, internet et le monde. Le silence est alors une mortification. Mais rapidement, l’âme découvre la richesse du recueillement, le repos du silence, et la force qui s’y cache. Elle le trouve. Elle ne veut plus le quitter. D’ailleurs, il n’est pas rare d’entendre des  retraitants regretter de devoir retourner dans le monde avec son bruit incessant. 

Écoutons enfin le pape Pie XII : « Toujours, dans tous les cas, pour toutes les personnes, il y aura [dans les Exercices] une participation à ce fruit qui consiste à ordonner sa vie, après avoir triomphé de soi-même, en écartant de soi tous les sentiments désordonnés… pour chercher et trouver la volonté divine dans la disposition de sa vie ; on en sortira toujours avec une plus grande pratique de la prière et de l’examen de conscience, avec un plus grand désir de mortification, avec une formation morale plus profonde ; celui qui a fait les Exercices se sentira ensuite plus disposé à pouvoir en tout aimer et servir sa divine Majesté ; enfin celui qui a bien fait une retraite se sentira toujours poussé à faire un grand pas en avant sur le chemin de la perfection chrétienne. » (Discours à l’Œuvre des Exercices Paroissiaux, 1956).  

Le temps des vacances est un temps de repos. Songeons que nous pouvons l’utiliser pour celui de notre âme. Inscrivons-nous aux retraites ! 

Abbé de Sivry, Supérieur du District Benelux